Lorsque la guerre a éclaté en Ukraine, Alain Nepveu, Ph.D. et professeur à l’Institut du Cancer Rosalind et Morris Goodman a placé une offre d’emploi sur le site web ScienceForUkraine.eu, un espace dédié au partage de l’information visant à aider les scientifiques d’Ukraine. On estime que 6,300 scientifiques d’Ukraine sont à la recherche d’un poste dans un autre pays. À la suite de son annonce, Pr Nepveu a pu rencontrer Mme Petrachkova et Mme Soldatkina, deux scientifiques de talent qui sont maintenant stagiaires postdoctorales dans son laboratoire: « Je me considère privilégié d’être canadien et j’étais heureux de pouvoir offrir une opportunité à un(e) scientifique qui vit une situation difficile. Olga Soldatkina, Ph.D. m’a rapidement contacté et nous avons entrepris les démarches pour que son fils de 8 ans, Ruslan, et elle puissent immigrer au Canada. Lorsque Tanya Petrachkova, Ph.D. m’a contacté un peu plus tard, les agences de recherche du Canada et du Québec venaient d’annoncer des programmes spéciaux pour accueillir des scientifiques d’Ukraine. J’ai donc pu offrir un poste à une deuxième personne » explique le Pr Nepveu qui étudie les mécanismes de réparation de l’ADN dans les cellules cancéreuses.
Pr Nepveu s’est dit agréablement surpris par le nombre de personnes qui se sont mobilisées pour permettre à ces stagiaires postdoctoraux d’arriver en sécurité et de s’établir à Montréal : « J’ai été impressionné par toute l’aide que nous avons reçue et par la gentillesse de chacun. Un employé du gouvernement Canadien nous a guidé dans le dédale des procédures et des sites web. Ma fille Émilie m’a aidé à trouver un appartement pour Olga et son fils, directement en face d’un skate parc. La propriétaire du logement a tout de suite mis Olga en contact avec un réseau de personnes qui l’ont aidée à trouver une école pour Ruslan. Quand nous avons pris le métro la première fois, le commis nous a offert le passage gratuitement. »Sans surprise, la communauté de McGill et de l’Institut du Cancer Rosalind et Morris Goodman s’est mobilisée pour bien accueillir les nouveaux arrivants. « Jan Walker aux études graduées et postgraduées de McGill m’a indiqué où appliquer pour obtenir un support financier et m’a présenté à Geneviève Dorion et Marine Degeilh du Fonds de Recherche du Québec en Santé. Naomi Belinski a fait des merveilles pour que Tanya et Olga reçoivent rapidement un premier salaire. Les étudiant(e)s de mon laboratoire ont organisé un grand ménage pour faire de la place à deux nouvelles personnes. Ces expériences m’ont rendu fier de nos gens et je me sens encore plus privilégié qu’avant. »
Nous vous invitons à découvrir l’histoire et le cheminement de ces deux scientifiques.
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Tanya Petrachkova, Ph.D.
Mme Petrachkova a grandi à Kiev. Elle a poursuivi ses études doctorales au département de sciences biologiques de l’université Western Michigan, sous la supervision du Professeur Donald Kane. Ses études en génétique du développement utilisaient le poisson-zèbre. . À son retour en Ukraine en 2020, elle a dirigé des projets dans le domaine pharmaceutique, organisé des montées de fonds et coordonné des biobanques.Deux jours après le début de la guerre en Ukraine, Mme Petrachkova a traversé la frontière hongroise accompagnée de sa belle-sœur et de ses neveux, et s’est rapidement rendue en Pologne. La majorité des membres de sa famille sont de retour à Kiev, où les risques pour les citoyens semblent s’être minimisés au cours des dernières semaines. S’établir dans une nouvelle ville à l’autre bout du monde vient avec son lot de défis, mais Tanya est optimiste et s’estime chanceuse de l’accueil au sein de sa nouvelle communauté de recherche : « Alain a été présent pour m’aider tout au long du processus d’immigration. Mes nouveaux partenaires de laboratoire m’ont intégré très rapidement. Je me sens à ma place, et je commence à former des amitiés ici ».
Mme Pertachkova fait preuve d’ambition, et c’est pourquoi elle a choisi l’institut du cancer Rosalind et Morris Goodman de McGill, qui est connu pour faire des recherches qui mènent à des percées médicales : « Je crois que dans le futur la médecine personnalisée sera accessible à tous. Mais pour cela, il faut qu’on se concentre sur des thèmes de recherche applicables. Je veux que les résultats de ma recherche soit applicable dans un horizon de 5 à 10 ans ». Dans le laboratoire de Pr Nepveu, elle étudiera des gènes impliqués dans la réparation de l’ADN pour déterminer leur impact sur le développement et la progression du cancer.
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Olga Soldatkina, Ph.D.
Mme Soldatkina a fait ses études doctorales à Kiev, dans le laboratoire du Professeur Sergiy Dzadevych à l’université nationale Taras Shevchenko. Au cours de son doctorat, elle a développé des capteurs biologiques et chimiques pour détecter avec précision la présence de certaines molécules dans des échantillons. Par exemple, l’article Soldatkina et al., 2018, décrit le . Ce capteur envoie un signal électrique lorsqu’il détecte des molécules d’arginine, un acide aminé important pour notre métabolisme. Les applications des capteurs fabriqués par Mme Soldatkina sont variées, allant du contrôle de la qualité pour l’industrie pharmaceutique à un outil de mesure pour la recherche médicale.Contrairement à Mme Petrachkova, Mme Soldatkina n’avait jamais vécu en Amérique du nord auparavant. De plus, elle est arrivée avec son jeune fils de huit ans. « Quand la guerre a été déclenchée, ma première préoccupation était de mettre mon fils à l’abri », explique Olga. Elle est parvenue à se rendre en sécurité à Montréal et commence à s’installer. Nous souhaitons à cette jeune famille que tout aille pour le mieux dans leur nouvel environnement!
Étant donné son expertise, Mme Soldatkina amène à l’institut du cancer Rosalind et Morris Goodman un savoir interdisciplinaire hautement prisé. Prof. Nepveu entrevoit que les compétences de la nouvelle stagiaire post-doctorale apportent des opportunités nouvelles pour mesurer différents types de dommages à l’ADN dans les cellules cancéreuses : « Les capteurs biologiques sont utiles car ils permettent de quantifier des lésions spécifiques à l’ADN dans différentes conditions métaboliques. L’expertise de Mme Soldatkina en biocapteurs nous permettra de diversifier notre arsenal de méthodes de détection ».
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Au nom de l’institut du cancer Rosalind et Morris Goodman, nous souhaitons la bienvenue à ces nouvelles stagiaires au sein de notre communauté!