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Par Philip Fine

Dans ses recherches, Jessica Drury, 茅tudiante en troisi猫me ann茅e de m茅decine 脿 l鈥橴niversit茅 McGill, s鈥檈st pench茅e sur un d茅fi important pour les professionnels de la sant茅聽: les interruptions. Le probl猫me n鈥檈st pas abord茅 dans les programmes de formation, mais il a sans contredit une incidence directe sur le travail des professionnels.

Jessica Drury a pr茅sent茅 ses constatations dans un travail intitul茅 Do Not Disturb: Managing interruptions during patient visits, r茅alis茅 dans un cours de deuxi猫me ann茅e du programme MDCM intitul茅 Observing Healthcare in Action (observation des soins de sant茅 en action, ou OHA).

Le cours est donn茅 par Peter Nugus, professeur au Centre d鈥櫭ヾucation m茅dicale et au D茅partement de m茅decine de famille, qui a men茅 ses propres recherches ethnographiques dans des services d鈥檜rgence et divers milieux hospitaliers et communautaires, ici et 脿 l鈥櫭﹖ranger. Dans le cadre du volet Transition vers la pratique clinique du programme MDCM, il am猫ne les cohortes d鈥櫭﹖udiants en m茅decine, plus 脿 l鈥檃ise avec le syst猫me lymphatique et l鈥檃ppareil circulatoire qu鈥檃vec des syst猫mes administratifs et organisationnels, 脿 examiner leur profession sous un angle sociologique. Les 茅tudiants accompagnent des membres du personnel d鈥檜n 茅tablissement de sant茅 dans leur journ茅e de travail pour mieux comprendre les r么les et les structures non m茅dicales du syst猫me qui les attend au terme de leurs 茅tudes. Ils doivent aussi situer leurs observations dans un contexte scientifique plus large en s鈥檌nspirant de principes 茅tablis par des m茅decins sp茅cialistes en sciences sociales et des 茅crits sociologiques.

Selon le Pr Nugus, les h么pitaux et les cliniques, dot茅s d鈥檜n environnement physique et de structures de pouvoir uniques, sont des syst猫mes complexes qui jouent un r么le important dans la pratique m茅dicale. Il importe donc que les 茅tudiants en m茅decine se familiarisent avec ces complexit茅s. 芦聽Comment peut-on d茅fendre les int茅r锚ts des patients ou 锚tre socialement responsable envers les contribuables canadiens qui financent le syst猫me de sant茅 si on ne comprend pas ce syst猫me ou les diff茅rents facteurs qui influent sur la sant茅 des gens?聽禄, affirme-t-il.

Ce qui nous ram猫ne 脿 Jessica Drury, qui, pour l鈥檃spect terrain de son travail, a fait deux s茅ances d鈥檕bservation de trois聽heures en compagnie d鈥檌nfirmi猫res dans un centre de m茅decine familiale, bloc-notes 脿 la main. Comme tous les 茅tudiants du cours, elle devait tirer un sujet de recherche de ses observations. Elle a constat茅 que les interruptions 茅taient tr猫s fr茅quentes dans le travail du personnel du centre.

芦聽Une infirmi猫re m鈥檃 dit 鈥淧arfois quand je suis avec un patient, quelqu鈥檜n ouvre la porte sans pr茅venir. 脟a me rend folle!鈥澛犅�, relate l鈥櫭﹖udiante. Cette m锚me infirmi猫re lui a racont茅 qu鈥檌l lui est arriv茅 d鈥櫭ヽhapper un instrument alors qu鈥檈lle faisait des points de suture, parce que quelqu鈥檜n a ouvert la porte et qu鈥檈lle a d没 se retourner pour voir qui c鈥櫭﹖ait. Une autre infirmi猫re lui a dit que les interruptions constantes lui laissaient peu de temps pour compl茅ter ses notes aux dossiers.

Jessica Drury a aussi observ茅 que les interruptions se r茅v茅laient parfois b茅n茅fiques. Elle marchait dans un corridor en compagnie d鈥檜ne infirmi猫re quand elles ont crois茅 un m茅decin 脿 un photocopieur. L鈥檌nfirmi猫re et le m茅decin ont bri猫vement discut茅 d鈥檜n cas 脿 venir dans l鈥檃pr猫s-midi et ont convenu d鈥檜ne strat茅gie de soins.

Le travail de Jessica Drury a 茅t茅 class茅 dans les cinq聽meilleurs parmi les 180聽participants au cours OHA l鈥檃n dernier. Les cinq laur茅ats ont 茅t茅 invit茅s 脿 pr茅senter leurs recherches lors d鈥檜ne r茅ception pour le corps professoral et les repr茅sentants des cliniques de soins de premi猫re ligne organis茅e par le Pr Nugus.

Dans le cadre du cours, les 茅tudiants doivent 茅galement sugg茅rer des fa莽ons d鈥檃m茅liorer les services de sant茅. Jessica Drury a sugg茅r茅 que les bureaux des infirmi猫res soient munis d鈥檜n 茅criteau du type 芦聽Ne pas d茅ranger聽禄 脿 mettre sur la porte durant les interventions d茅licates. Elle a toutefois constat茅 茅galement que le syst猫me est fait d鈥檌nterd茅pendances et que les interruptions font partie int茅grante du travail avec d鈥檃utres professionnels.

芦聽On doit souvent consulter ses coll猫gues et les interrompre parfois, et c鈥檈st normal. Les interruptions sont in茅vitables et il faut s鈥檡 attendre comme praticiens. Il faut donc prioriser les exigences envers nous聽禄, dit-elle.

Au cours de ses trois ans d鈥檈nseignement du cours OHA, le Pr Nugus a recueilli des suggestions d鈥檃m茅lioration du syst猫me de sant茅 allant de la gestion des patients qui ne se pr茅sentent pas 脿 leur rendez-vous m茅dical (offrir des rendez-vous provisoires comme mesure d鈥檈ssai pour les patients qui ratent r茅guli猫rement leurs rendez-vous) au d茅pistage de la violence familiale (partager l鈥檌nformation rapidement et diffuser des messages communs aux patients).

Le Pr Nugus rappelle une statistique 茅loquente聽: de 60 脿 80聽% des erreurs m茅dicales r茅sultent de probl猫mes de communication ou de coordination (Kohn et al, 2000; 脴stergaard聽et al, 1994; Schaefer et al, 1994). Ainsi, bien que l鈥檌mage d鈥檜n oubli apr猫s une chirurgie vienne 脿 l鈥檈sprit lorsqu鈥檕n parle d鈥檈rreurs m茅dicales, le sc茅nario le plus probable est celui d鈥檜n manque de synchronisation entre les innombrables rouages du syst猫me.

Le 8聽f茅vrier dernier, Peter Nugus a 茅t茅 choisi par ses 茅tudiants comme laur茅at d鈥檜n prix d鈥檈xcellence en enseignement 2017 du volet Transition vers la pratique clinique, en reconnaissance de son travail dans le cours OHA.

Le 23聽 f茅vrier 2018