Le 30 janvier, le Bureau des initiatives autochtones et le Département de médecine de famille de l’Université McGill ont présenté l’événement inaugural de la série de conférences autochtones de l’hiver 2023. La conférencière d’honneur, l’aînée inuite Reepa Evic-Carleton, était invitée à partager ses connaissances et ses histoires avec les membres de la communauté mcgilloise et montréalaise. Animé par Richard Budgell, professeur adjoint inuit et conseiller spécial sur l’Inuit Qaujimajatuqangit, l’événement a commencé par une cérémonie d’allumage du qulliq, une lampe à huile traditionnelle inuite, suivi d’un dialogue sur l’Inuit Qaujimajatuqangit (qui se traduit par « ce que les Inuits ont toujours su être vrai »), ainsi que sur les valeurs et les réalités inuites.
Celeste Pedri-Spade (à gauche), première vice-principale exécutive adjointe (Initiatives autochtones) de McGill et Marion Dove, directrice du Département de médecine de famille, ont prononcé des mots d’ouverture, démontrant l’esprit collaboratif de l’événement.
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Source de lumière et de vie
Mme Reepa Evic-Carleton est née à Cumberland Sound, au Nunavut, avant d’être déplacée vers la communauté de Pangnirtung à l’âge de cinq ans. « Nos histoires doivent être racontées », a-t-elle déclaré. « La vie n’était plus pareille après le déplacement forcé que mon peuple a subi. »
Au cours de l’événement, Mme Evic-Carleton a parlé de l’importance du qulliq, qui était non seulement la principale source de lumière pendant les mois d’hiver dans le Nord, mais servait également à cuisiner, à faire fondre la glace et à sécher les vêtements. « Cela nous a vraiment permis de survivre dans un environnement froid et hostile », a expliqué la conférencière. Aujourd’hui, le qulliq sert également à des fins cérémonielles, symbolisant la tradition et la force des femmes inuites, qui s’occupaient traditionnellement du qulliq.
En allumant le qulliq, Mme Evic-Carleton a parlé de son parcours axé sur le soutien aux Inuits, tant dans le Nord que dans le Sud. Dans le Nord, elle a notamment œuvré pendant dix ans comme gestionnaire de logement à Pangnirtung et un an comme travailleuse sociale communautaire en protection de l’enfance.
En 1989, Mme Evic-Carleton a déménagé à Ottawa, où elle travaillé pendant sept ans en soutien familial à Tungasuvvingat Inuit, collaborant étroitement avec le refuge CAS Ottawa et siégeant au Comité du sida d’Ottawa. Elle a également travaillé pour l’organisation pancanadienne Pauktuutit, qui représente les femmes inuites, à titre de coordonnatrice des activités liées à la question de la toxicomanie. Elle a ensuite cofondé le Mamisarvik Healing Centre, le premier centre inuit de traitement des traumatismes et des dépendances dans le sud du Canada. À Mamisarvik, elle a travaillé comme thérapeute puis comme coordonnatrice du programme. En 2017, Mme Evic-Carleton s’est jointe au Centre Inuuqatigiit pour les enfants, les jeunes et les familles inuits, où elle a travaillé comme thérapeute et a animé des programmes parentaux et des cercles de guérison pour les mères.
Parlant de ses expériences vécues, Mme Evic-Carleton a abordé le rôle des aînés dans son propre processus de guérison, expliquant comment leurs connaissances et leurs histoires lui ont permis de « réassembler lentement les pièces du casse-tête ». Ses paroles émouvantes ont illustré l’importance des histoires en général, tout en mettant en lumière l’impact des récits qu’elle partage aujourd’hui comme aînée.
Le professeur Richard Budgell, qui a animé l’événement, a souligné l’importance de partager des histoires pour l’éducation et la sensibilisation aux réalités inuites. « Ce que nous essayons de faire au Département de médecine de famille et partout à McGill, c’est d’élargir la compréhension des savoirs autochtones », a-t-il déclaré. « Ce qui comprend les savoirs inuits ».
Photo: Richard Budgell, professeur adjoint au Département de médecine de famille et conseiller spécial sur l’Inuit Qaujimajatuqangit au Bureau des initiatives autochtones.
L’an dernier, le Département de médecine de famille a créé un nouvel Espace autochtone, le premier du genre à McGill, dédié aux activités liées à la santé autochtone et aux relations communautaires dans le secteur de la santé. Très courue, la conférence a toutefois dû avoir lieu dans une salle plus vaste, au troisième étage, capable d’accueillir les quelque 100 personnes réunies pour écouter Mme Evic-Carleton. « Nous avons trop de monde », a expliqué le Pr Budgell. « L’événement est trop populaire pour pouvoir accueillir tout le monde dans cet espace relativement petit. »
Le Département de médecine de famille organisera plus d’événements tout au long de l’année dans ce nouvel espace où les gardiens du savoir autochtone, les aînés et aînées, les membres de la population étudiante et les universitaires peuvent partager leurs expériences.
Le Bureau des initiatives autochtones poursuivra également sa série de conférences d’hiver au cours des mois de février et mars.