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Stages en entreprise : Un facteur clé de réussite dans la stratégie de préparation aux pandémies

Nous avons récemment discuté avec le professeur Amine Kamen, du Département de génie biomédical de l’Université McGill, de l’importance d’améliorer le secteur canadien de la biofabrication, tout particulièrement en ce qui concerne la préparation aux pandémies. Il a notamment souligné l’importance d’avoir du personnel hautement qualifié en biofabrication, ce qui peut être réalisé grâce à des stages qui combinent connaissances théoriques et expérience pratique.

Picture of Amine KamenRéfléchissant à la pandémie de COVID-19, le professeur Kamen a relevé la nécessité de renforcer la capacité d’intervention en prévision de crises similaires, particulièrement en ce qui concerne le personnel qualifié. Cette réalisation a inspiré la création d’un programme d’études supérieures à McGill qui intègre une formation à la fois théorique et pratique grâce à des partenariats avec l’industrie. À l’automne 2022, le professeur Kamen a lancé la maîtrise en génie avec concentration en biofabrication à l’Université McGill. Ce programme permet aux étudiants d’acquérir des connaissances approfondies et une formation pratique dans le secteur de la biofabrication. Au cours de la dernière année, le programme a bénéficié du soutien du programme de financement Bourses de formation de l’initiative D2R, dans le cadre duquel huit étudiants ont participé à des stages aux sociétés Moderna et Biovectra, dans des domaines comme l’ADN plasmidique, la fabrication orientée ARNm et les produits biologiques à base d’ARN.

Le professeur Kamen a souligné que la capacité de biofabrication d’un pays doit être active, durable et intégrée à un écosystème plus vaste. Il est non seulement important de développer des vaccins, mais aussi d’avoir des professionnels qualifiés prêts à agir dans une situation critique de pandémie. Les stages jouent un rôle essentiel dans l’épanouissement de ces talents, en préparant un personnel hautement qualifié à la biofabrication des produits biologiques. Cette stratégie est essentielle pour assurer la production de produits efficaces et de haute qualité en période de crise sanitaire.

Le succès du programme réside dans sa capacité à offrir une formation professionnelle, ce qui manque souvent dans le milieu universitaire. « C’est comme dans le domaine médical. Vous pouvez avoir une formation théorique, mais sans une formation pratique, un médecin ne peut pas travailler efficacement. De même, en biofabrication, vous avez besoin d’une formation professionnelle, et c’est pourquoi nous avons des partenaires de l’industrie dans ce programme », explique le professeur Kamen. Selon, lui, le partenariat entre le milieu universitaire et l’industrie est une « responsabilité partagée », essentielle pour le perfectionnement du personnel qualifié. Il est essentiel de reconnaître cette relation symbiotique entre l’expérience théorique et l’expérience pratique pour relever efficacement les défis du monde réel.

Les stagiaires chez Moderna et Biovectra participent à différents projets de biofabrication. Les étudiants bénéficient d’un mentorat étroit de la part de superviseurs de l’industrie et de conseillers pédagogiques, ce qui leur permet d’acquérir une expérience précieuse et de recevoir des crédits universitaires. Le professeur Kamen est profondément impliqué auprès de ses étudiants, en particulier ceux qui souhaitent faire carrière dans le domaine de la biofabrication. « Nous travaillons en étroite collaboration avec nos étudiants, et nous sommes très actifs pour les encadrer pendant leurs stages », a-t-il expliqué. « Mon principal conseil, c’est de bâtir votre expérience. Vous augmentez considérablement vos chances de réussir lorsque vous êtes suffisamment motivé pour réaliser quelque chose. »

Il a également souligné le caractère unique du programme : « La particularité de ce programme d’études supérieures, c’est qu’il est fortement axé sur la fabrication de produits biologiques ». Le professeur Kamen croit que le programme contribuera de façon significative aux progrès dans le domaine de la biofabrication, reconnaissant que l’explosion des produits thérapeutiques à ARN est fondée sur de nombreuses années de progrès scientifiques. Par exemple, bien que les premières tentatives de libération de l’ADN in vivo aient échoué, les leçons tirées de ces efforts ont ouvert la voie à l’utilisation de l’ARNm. Le professeur Kamen explique : « Quelle est la grande différence entre l’ARNm et l’ADN? Les deux utilisent l’information encodée pour déclencher une cascade d’événements biologiques menant à l’expression de protéines. La différence critique est que si vous codez avec l’ADN, il doit se translocaliser vers le noyau. Tandis qu’avec l’ARNm, la libération dans le cytoplasme est suffisante pour initier l’expression de l’antigène. De toute évidence, les connaissances accumulées à l’occasion des tentatives de vaccination fondée sur l’ADN ont été efficacement transposées à l’utilisation de l’ARNm. La vaccination fondée sur l’ARNm a constitué un véritable saut technologique dans le domaine de la biologie synthétique. Lorsque nous effectuons la transcription in vitro, nous faisons ce qu’une cellule fait, mais in vitro, et c’est un excellent exemple du concept de biologie synthétique. Tout cela est donc intégré au nouveau programme, sans oublier les bases biologiques et techniques qui ont rendu cela possible. Les connaissances sur la libération de l’ADN faisaient partie de l’histoire réussie de la libération de l’ARN. Mais la science de l’ARN a été déterminante. »

Le professeur Kamen milite pour une perspective mondiale, soulignant que les virus ne respectent pas les frontières et que des vaccins sont nécessaires pour toutes les populations à travers le monde. Il croit que ce programme de stages aide à renforcer les capacités au Canada et à l’échelle mondiale. Bon nombre des étudiants étrangers inscrits au programme retourneront chez eux à titre d’« ambassadeurs de la biofabrication du Canada », contribuant aux efforts mondiaux de fabrication de produits biologiques et de développement de produits thérapeutiques fondés sur l’ARN. Avec l’accélération des technologies de l’ARNm, la création de personnel hautement qualifié grâce à des stages en biofabrication ajoute une valeur immense pour le Canada et pour la santé mondiale.

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