À la cime des arbres d’une forêt tropicale luxuriante, un singe hurleur se balance de branche en branche… jusqu’à ce qu’une rupture dans la canopée l’en empêche. C’est l’une des milliers de routes qui relient les agglomérations du Costa Rica. Pour un singe, elles sont des barrières et présentent des dangers, comme les voitures et les lignes électriques. Elles peuvent causer des blessures et même la mort, mais grâce à , de plus en plus de singes pourront traverser en toute sécurité les routes du pays.
L’organisation non gouvernementale (ONG) conduit les singes hurleurs blessés à des vétérinaires et bâtit des ponts de cordes à la cime des arbres pour aider les animaux à éviter les dangers qu’ils pourraient rencontrer en traversant les routes. Cependant, le réseau routier fait des milliers de kilomètres, et l’équipe de SalveMonos ne peut bâtir des ponts partout. Elle doit déterminer les endroits où ils seront les plus utiles. C’est ici que les étudiants et étudiantes de la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill entrent en jeu.
« Nous aidons l’équipe responsable de l’intelligence artificielle de SalveMonos à faire un suivi des endroits où les singes traversent les routes. Il est très difficile de choisir l’emplacement de ces ponts sans une analyse de données adéquate », affirme le professeur de la Faculté de gestion Desautels Juan Camilo Serpa, qui a établi la collaboration et la dirige.
« Nous employons les mêmes techniques que McDonald’s ou Starbucks utiliseraient pour choisir l’emplacement de leurs restaurants. Nous mettons les ponts là où la demande est la plus forte. Nous travaillons avec SalveMonos pour recueillir de l’information sur les endroits où se produisent les accidents. Toutefois, nous voulions récolter des données supplémentaires, c’est pourquoi les étudiants et étudiantes ont créé un site Web appelé , qui permet aux gens de signaler ces accidents. »
SalveMonos n’est pas la seule ONG partenaire dans le cadre du . Ce voyage interdisciplinaire est un cours de trois crédits qui offre des occasions pratiques d’appliquer l’analyse de données à des projets de développement durable. Il est ouvert aux étudiantes et étudiants issus de différentes disciplines, par exemple les finances, le marketing, la comptabilité, l’informatique, la biologie et les sciences de l’environnement.
Le voyage se déroule à la , une réserve naturelle de 930 hectares située à quelques pas d’une plage de sable blanc de quatre kilomètres sur la côte du Pacifique du Costa Rica. La Reserva Conchal est aussi une partenaire clé de plusieurs des initiatives de développement durable menées dans le cadre du voyage d’études. L’une d’elles est une initiative de surveillance des microplastiques dans l’océan dont l’objectif est d’examiner les tendances au parc national Las Baulas afin de protéger les tortues luths qui vivent à proximité. L’étudiante de quatrième année en développement durable Michelle Kim a pris part à l’effort en mai 2023, lorsque le professeur Serpa a accompagné un petit groupe d’étudiants et étudiantes au Costa Rica pour mettre à l’essai le concept du voyage d’études.
« Nous avons pu contribuer au projet et apprendre par la pratique. Nous avons nettoyé la plage au moyen de filets dont les mailles étaient suffisamment petites pour laisser passer le sable, tout en retenant les microplastiques », explique Mme Kim.
« Le plastique se décompose au soleil et se retrouve sur les plages sous forme de fines particules. Nous avons tamisé le sable pour recueillir ces microplastiques, puis avons analysé les types de plastiques recueillis. Nous en avons beaucoup appris sur l’utilisation du plastique au Costa Rica, et il aurait été bien plus difficile d’en comprendre les répercussions par vidéoconférence ou dans une classe à Montréal. »
Le professeur Serpa a noué des relations avec des ONG dans ce pays d’Amérique centrale au cours d’une année sabbatique, et ces relations font maintenant partie intégrante de son enseignement et de ses recherches.
« La découverte de ces projets a changé ma vie. C’était très émouvant d’assister à la réhabilitation des singes après un accident », soutient M. Serpa, professeur agrégé en gestion des opérations ayant remporté de nombreux prix pour son excellence en enseignement.
« Le projet m’a montré les répercussions que je peux avoir chaque fois que je conduis une voiture, et je ne marcherai plus jamais sur une plage sans y voir les microplastiques. C’est une expérience très marquante. Les étudiantes et étudiants de mon laboratoire ont tellement aimé cela qu’ils veulent déjà y retourner pour continuer de travailler à ces projets en tant que bénévoles. Ils ont tissé un fort lien d’attachement avec l’endroit. »
Will Stephenson, étudiant à la maîtrise en analytique de gestion, a vécu une expérience semblable qui lui a ouvert des portes dont il ne connaissait pas encore l’existence.
« Je me sens très privilégié de pouvoir mettre mes compétences en pratique dans le cadre de projets importants qui me tiennent à cœur, et dont j’ignorais l’existence auparavant », affirme M. Stephenson.
« Cette expérience m’a aidé à saisir la nature mondiale des enjeux qui m’intéressent. J’en connais beaucoup plus sur la santé des océans au Canada qu’au Costa Rica, mais comme les deux pays sont bordés par le Pacifique et l’Atlantique, nous faisons face à de nombreux enjeux similaires. Sans ce cours, je n’aurais pu travailler au Costa Rica, en partie parce que je ne connaissais personne là -bas. En m’intégrant à la communauté bâtie par le professeur Serpa, j’ai pu nouer des relations de travail avec des organisations partenaires ainsi que des liens d’amitié. »
Le cours est réalisé en partenariat avec de nombreuses ONG dans le cadre de douze projets différents, dont la création d’une application pour aider les micro-exploitations agricoles, la conception d’un système qui surveille la santé des abeilles dans les ruches, la création d’un système de reconnaissance des animaux pour suivre la faune et la flore et l’utilisation de l’intelligence artificielle pour prévenir les feux de forêt.
Le contribue à la création d’occasions d’apprentissage pratique et a joué un rôle central dans le lancement de cette nouvelle initiative.
« Le nouveau voyage d’études au Costa Rica est une occasion d’apprentissage par l’expérience fantastique. Les étudiants et étudiantes mettront en pratique l’analyse de données dans un contexte réel afin de découvrir comment les méthodes et les techniques apprises en classe peuvent avoir une incidence positive sur la société », soutient Katie Kotar, associée aux activités professorales pour l’enseignement et l’apprentissage, qui dirige l’équipe au Bureau Lewtas.
« Quand les étudiantes et étudiants mettent leurs compétences en analytique au profit de projets de développement durable, ils utilisent leur formation à la Faculté de gestion Desautels pour soutenir une bonne cause et inspirent les autres à faire la même chose. »