Une nouvelle étude du CUSM établit le risque accru de fracture osseuse chez les personnes âgées sous médication quotidienne pour la dépression
Une nouvelle étude sous la direction de chercheurs du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) a établi que les personnes âgées qui prennent quotidiennement des inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine (ISRS) pour la dépression peuvent doubler leur risque de fractures osseuses ostéoporotiques. La recherche est publiée aujourd'hui dans la revue Archives of Internal Medicine. Elle a été menée en collaboration avec des chercheurs de l'Université McMaster, de l'Université Duke et de l'Université de Colombie-Britannique.
« La dépression est une maladie courante chez les personnes âgées, qui affecte environ 10 % des patients des soins primaires aux États-Unis », dit le Dr Brent Richards, ancien postdoctorant du CUSM et auteur principal de la nouvelle étude. « Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine (ISRS) constituent le traitement de première intention de la dépression, surtout chez les personnes âgées, car ils sont censés causer moins d'effets secondaires. »
Certaines études, toutefois, ont associé les ISRS à un risque plus élevé de fractures par fragilité osseuse chez les personnes âgées. « Les résultats des études antérieures n'étaient pas clairs parce qu'ils faisaient appel à des données extraites de bases de données administratives et ne contrôlaient pas avec fiabilité les variables telles que les chutes, les comportements reliés au style de vie, les symptômes de dépression et la densité minérale osseuse. Tous ces facteurs peuvent créer de la distorsion dans la corrélation entre l'usage des ISRS et les fractures », dit le Dr David Goltzman, directeur du Centre du métabolisme osseux au CUSM, directeur du Centre de recherche sur le tissu osseux et le parodonte de l'Université McGill, professeur à la Faculté de médecine de l'Université McGill et auteur principal de l'étude.
Pour cette nouvelle recherche, les chercheurs ont évalué plus de 5 000 sujets choisis au hasard dans l'Étude canadienne multicentrique sur l'ostéoporose (CaMos), dont 137 prenaient des inhibiteurs sélectifs de la recapture de sérotonine de manière quotidienne. « Notre étude, qui a contrôlé les facteurs susceptibles d'affecter la fiabilité des données, indique que l'usage quotidien des ISRS est associé au doublement des fractures osseuses causées par un faible impact, comme une chute de la position debout », dit le Dr Richards, qui est actuellement en poste au King's College de Londres. L'étude a aussi montré que les personnes qui prennent tous les jours des ISRS augmentent également leur risque de chutes, ont une densité minérale osseuse inférieure à la hanche et une tendance à présenter une densité osseuse inférieure au rachis. L'étude a établi que ces effets étaient proportionnels à la dose d'ISRS administrée.
La dépression et les fractures de fragilité osseuse sont courantes dans le groupe des personnes âgées. Aussi le risque accru attribué à la prise quotidienne d'ISRS peut avoir des conséquences importantes sur la santé publique. « L'usage quotidien des ISRS chez la personne âgée pour le traitement de la dépression peut accroître le risque correspondant de fracture, mais ce risque doit être apprécié en regard des avantages potentiellement supérieurs obtenus du traitement de la dépression », dit le Dr Richards.
Les groupes suivants ont contribué au financement de l'étude CaMos : les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), Merck Frosst Canada Ltée, Eli Lilly Canada Inc., Novartis Pharmaceuticals, Inc., L'Alliance pour une meilleure santé osseuse (Sanofi-Aventis et Procter & Gamble Pharmaceuticals Canada, Inc.), Les Producteurs laitiers du Canada et la Société de l'arthrite.
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