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Une nouvelle étude éclaire le débat opposant agricultures biologique et conventionnelle

Des chercheurs des universités McGill et du Minnesota proposent une fusion des meilleures pratiques

±Ê³Ü²ú±ô¾±Ã©: 25 April 2012

Des chercheurs des universités McGill et du Minnesota proposent une fusion des meilleures pratiques

L'agriculture biologique peut-elle nourrir toute la planète?

Si ce type de technique ne permet peut-être pas à lui seul de nourrir la population mondiale, il joue néanmoins un rôle important dans l'alimentation d'habitants dont le nombre ne cesse d'augmenter tout en réduisant les dommages causés à l'environnement, affirment des chercheurs de l'Université McGill et de l'Université du Minnesota.

Selon les conclusions d'une nouvelle étude publiée dans la revue scientifique Nature, le rendement des cultures biologiques est généralement inférieur à celui des cultures conventionnelles, particulièrement dans le cas des céréales, qui sont à la base de l'alimentation humaine. Les chercheurs ont toutefois observé que l'écart est beaucoup moins marqué pour certaines cultures et dans certaines conditions de croissance.

Pour les besoins de cette étude, les chercheurs ont procédé à une analyse exhaustive de la littérature scientifique sur le rendement des cultures biologiques et conventionnelles afin d'apporter un nouvel éclairage au débat souvent houleux. Pour certains, la production agricole conventionnelle constitue une importante menace à l'environnement, car elle entraîne une perte de la biodiversité et une surexploitation des ressources hydriques, tout en contribuant à l'émission de gaz à effet de serre. D'autres, en revanche, soutiennent que la production biologique à grande échelle occuperait de trop vastes terres agricoles et entraînerait une augmentation du prix des aliments, les rendant ainsi inaccessibles aux populations démunies et qui souffrent de la faim.

« Pour parvenir à la sécurité alimentaire durable, il nous faudra vraisemblablement recourir à de nombreux types de production agricole - y compris l'agriculture biologique, conventionnelle et, possiblement, des modes de culture hybrides qui nous permettront de produire davantage d'aliments à un coût abordable, d'assurer la subsistance des agriculteurs et de réduire l'impact environnemental », estiment les chercheurs.Ìý

L'étude indique que dans l'ensemble, les cultures biologiques ont un rendement inférieur de 25 % à celui des cultures conventionnelles. Toutefois, l'écart varie considérablement selon le type de culture et l'espèce cultivée. Selon l'étude réalisée par Verena Seufert, doctorante, et Navin Ramankutty, professeur de géographie - tous deux de l'Université McGill - et par le professeur Jonathan Foley, de l'Institut de l'environnement de l'Université du Minnesota, le rendement des légumineuses et des vivaces (comme le soya et les fruits) se compare assez favorablement à celui des cultures conventionnelles.

En outre, le recours aux meilleures pratiques de gestion par les agriculteurs biologiques permet d'obtenir un rendement qui n'est que de 13 % inférieur à celui que produisent les cultures conventionnelles. « De tels résultats permettent de croire que les systèmes biologiques actuels pourraient presque rivaliser avec les cultures conventionnelles dans certains cas - selon le type de culture, les conditions de croissance et les pratiques de gestion -, mais bien souvent, ce n'est pas le cas. L'amélioration des techniques de gestion des cultures biologiques ou le recours à l'agriculture biologique là où les conditions environnementales y sont les plus favorables pourraient contribuer à combler cet écart », précisent les chercheurs.

« Selon notre étude, un apport plus important en azote pourrait se révéler nécessaire pour assurer un rendement élevé dans le cas des cultures qui reçoivent une fertilisation biologique, l'azote organique étant moins facilement assimilable. Dans certains cas, les agriculteurs biologiques pourraient obtenir un meilleur rendement en faisant un usage limité de fertilisants chimiques plutôt que de recourir exclusivement au fumier pour assurer un apport azoté suffisant à leurs cultures, affirme Verena Seufert. Les agriculteurs conventionnels, quant à eux, peuvent tirer des leçons d'exploitations biologiques florissantes et adopter des pratiques respectueuses de l'environnement, comme la diversité agricole et l'utilisation de résidus de cultures. »

Selon les chercheurs, le rendement n'est qu'un des facteurs économiques, sociaux et environnementaux dont il faut tenir compte dans l'évaluation des avantages d'un mode de production agricole. « Les gens se posent peut-être la mauvaise question, avance le professeur Ramankutty. Ainsi, plutôt que de se demander si les aliments qu'ils consomment sont issus de l'agriculture biologique, ils devraient peut-être se demander s'ils sont cultivés de façon durable. » Ìý

Les résultats de cette étude indiquent que rien n'est clairement tranché et qu'il faut aller au-delà des débats idéologiques qui opposent trop souvent les partisans de l'agriculture biologique et locale et ceux de l'agriculture conventionnelle, ajoute le professeur Foley. « En combinant les meilleures pratiques de ces deux types d'exploitation de façon à maximiser la production alimentaire, protéger le bien commun et réduire l'empreinte écologique, nous pourrons mettre en place un système alimentaire véritablement durable. »

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