Selon une étude du CUSM, les médicaments classiques de l'asthme demeurent supérieurs aux nouveaux médicaments
Selon une chercheuse de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), la supériorité du nouveau sur l'ancien ne va pas de soi. Une étude qu'elle a récemment publiée dans le British Medical Journal révèle que les médicaments classiques du traitement de l'asthme, les corticosteroides, conservent leur supériorité sur les nouveaux médicaments.
« Les corticosteroides inhalés ont été les piliers du traitement de l'asthme en raison de leur efficacité, de la tolérance au médicament et de leur rapidité d'action par rapport aux autres médicaments », déclare le Dr Francine Ducharme, épidémiologiste et pédiatre à l'Hôpital de Montréal pour enfants du CUSM. « Selon notre étude, les corticosteroides doivent demeurer la règle d'or pour le traitement de l'asthme. »
L'asthme, une affection pulmonaire chronique, affecte environ trois millions de canadiens de tous âges. Cette maladie touche la capacité respiratoire, provoque des crises et peut parfois être mortelle. Bien qu'il n'y ait pas de traitement curatif, la très grande majorité des personnes asthmatiques peuvent mener une vie normale et active avec un contrôle approprié et le recours aux médicaments.
L'étude a fait l'analyse des données issues de 13 essais cliniques menés auprès d'enfants et d'adultes asthmatiques. On a comparé la fréquence des crises d'asthme chez les patients qui recevaient le traitement classique aux corticosteroides et chez ceux qui étaient traités avec des corticosteroides associés à de nouveaux médicaments, les anti-leucotriènes. L'ajout des anti-leucotriènes à la formulation corticoïde n'entraîne pas de réduction significative des crises d'asthme en regard de l'administration des seuls corticosteroides, mais s'accompagne d'une légère amélioration des symptômes. On ne dispose pas actuellement de données suffisantes pour établir si l'ajout des anti-leucotriènes aux corticosteroides est meilleur que l'augmentation des doses de corticosteroides. « Les données indiquent également que l'association des anti-leucotriènes aux corticosteroides ne permet pas de réduire de manière importante les doses de corticosteroides inhalés; cependant, certaines indications suggèrent que la thérapie combinée pourrait améliorer légèrement le contrôle de l'asthme. Aux doses normales, les anti-leucotriènes sont sûrs, mais à des doses supérieures aux recommandations, ils pourraient provoquer des effets secondaires graves », dit le DrÌý¶Ù³Ü³¦³ó²¹°ù³¾±ð.
« Les médecins s'intéressent à l'usage des anti-leucotriènes en raison de leur nouveauté sur le marché et des résultats positifs observés dans certains essais cliniques. Mais une analyse fouillée des données de l'ensemble des essais cliniques établit que, faute d'autres preuves, il n'est pas indiqué de modifier notre stratégie thérapeutique pour l'asthme », dit-elle.
Parmi les 376 essais cliniques examinés par le Dr Ducharme pour cette étude, 13 seulement répondaient à ses critères rigoureux en matière de conception de l'étude, de sélection des sujets et de comparaison des traitements. « Selon les médicaments, les traitements peuvent changer radicalement la qualité de vie des patients asthmatiques, mais nous devons avoir la certitude absolue que nous prescrivons la meilleure thérapie possible. Avant de modifier les directives cliniques, il est important d'évaluer l'ensemble des données; en l'occurrence, il faut des essais plus pertinents pour être en mesure de mieux apprécier la place des anti-leucotriènes dans le traitement de l'asthme », conclut la chercheuse.