Sclérose en plaques : facteurs de risque chez les enfants
Le Canada a un des taux les plus élevés de sclérose en plaques (SP) au monde, et environ 1000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Si cette maladie touche surtout à l’âge adulte, des médecins et des chercheurs du groupe multidimensionnel et multidisciplinaire qu’est le Réseau canadien sur les maladies démyélinisantes pédiatriques (RCMDP) ont constaté une augmentation des diagnostics de SP chez les enfants. Une étude du RCMDP publiée dans la revue Neurology identifie un gène particulier dont le rôle dans la réaction immunitaire expose certains enfants à un risque plus élevé de développer la SP.
Chez les enfants, un premier épisode de démyélinisation (syndrome de démyélinisation acquise [SAD] du système nerveux central) demeure souvent unique et isolé. Or, chez au moins 20 % des enfants, il s’agit de la première attaque clinique de SP. Cela contraste avec la SP de l’adulte, où toutes les personnes présentant une démyélinisation aigüe reçoivent par la suite un diagnostic de SP. La démyélinisation est la perte destructrice de myéline – la gaine protectrice qui isole et soutient les cellules nerveuses – qui nuit à la capacité des cellules à recevoir et à transmettre des signaux dans le corps.
« L’incertitude du diagnostic crée à juste titre beaucoup d’anxiété chez les enfants et les familles », dit le Dr Amit Bar-Or, neurologue et chercheur principal à l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal - le Neuro, de l’Université McGill. « Disposer d’outils pour distinguer le SAD de la SP est important. » Des scientifiques du Neuro collaborent avec des chercheurs de l’hôpital SickKids à Toronto et des collègues de plusieurs pays, d’une part pour déterminer les facteurs de risque chez les 20 % d’enfants qui finissent par développer la SP, et d’autre part pour voir si les facteurs de risque et la biologie de la maladie sont les mêmes chez les enfants et les adultes.
Chez les adultes, des interactions complexes entre des facteurs génétiques et environnementaux contribuent au risque, et le meilleur marqueur génétique de prédisposition établi a été identifié dans les allèles du complexe majeur d’histocompatibilité, une famille de gènes qui jouent un rôle important dans le système immunitaire et l’auto-immunité. Plus précisément, le facteur de risque génétique pour les adultes d’origine européenne du Nord est circonscrit à une forme du gène appelé allèle HLA-DRB1. Les chercheurs voulaient vérifier si cet allèle prédit la SP chez les enfants à risque ayant le SAD. À cette fin, des enfants âgés de 16 ans ou moins (266 enfants ayant le SAD et 196 sujets-témoins en bonne santé) ont fourni des échantillons sanguins pour analyse génétique.
« Nous avons constaté que la fréquence du HLA-DRB1 est plus élevée chez les enfants qui recevraient par la suite un diagnostic de SP, mais non chez les enfants ayant un seul épisode de SAD. Cela indique que ce gène est un facteur de risque dans la SP infantile. » Les enfants ayant le SAD qui ne développent pas la SP ne présentaient pas de différence dans l’expression génétique du HLA par rapport aux sujets-témoins, ce qui indique que le gène confère un risque accru de SP infantile, mais non pour la démyélinisation acquise en général.Â
Ce n’est qu’une des études portant sur la SP infantile que mène le RCMDP. Comme les enfants atteints de SP infantile sont plus près des mécanismes initiaux et de la biologie de la maladie, ils peuvent permettre de mieux comprendre les facteurs qui représentent les causes par rapport aux conséquences de la maladie. Un adulte sur 20 atteint de SP peut faire remonter la maladie à un épisode dans son enfance, et en souffre donc depuis nombre d’années. Cette étude révèle une similarité fondamentale dans les facteurs génétiques de risque de SP tant infantile qu’adulte et souligne l’importance de comprendre l’étiologie de la SP infantile, ce qui mènerait à un diagnostic et à une intervention plus précoces, ainsi qu’à la mise au point de nouvelles thérapies pour la SP.
L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal
L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal, le Neuro, est un centre médical universitaire unique qui se consacre aux neurosciences. Cet institut de recherche et de formation rattaché à l’Université McGill est au cœur de la mission en neurosciences que s’est donnée le Centre universitaire de santé McGill. Fondé en 1934 par le réputé Dr Wilder Penfield, le Neuro est reconnu dans le monde entier pour la manière dont il intègre la recherche, des soins prodigués avec compassion aux patients et la formation de pointe, autant de facteurs sans lesquels la science et la médecine ne pourraient progresser. Ses chercheurs sont des chefs de file mondiaux dans les neurosciences cellulaires et moléculaires, en imagerie cérébrale, en neurosciences cognitives ainsi que dans l’étude et le traitement de l’épilepsie, de la sclérose en plaques et des troubles neuromusculaires. Dans son budget de 2007, le gouvernement fédéral a fait de l’Institut neurologique de Montréal un des sept centres d’excellence du Canada, ce qui a lui a permis d’obtenir 15 millions de dollars pour financer ses recherches et ses activités de commercialisation dans le domaine des maladies neurologiques et des neurosciences.