Schizophrénie et troubles de lecture
Les résultats d’une étude sur les mouvements oculaires réalisée auprès de patients atteints de ²õ³¦³ó¾±³ú´Ç±è³ó°ùé²Ô¾±±ð ont permis de recueillir de nouvelles données étayant la présence de difficultés de lecture chez ces personnes. Ìý
Cette découverte, menée par des chercheurs de l’Université McGill, à Montréal, pourrait ouvrir la voie au dépistage et à des interventions plus précoces chez les personnes atteintes de cette maladie mentale.
Si de nombreuses études ont démontré que les patients atteints de ²õ³¦³ó¾±³ú´Ç±è³ó°ùé²Ô¾±±ð présentent des troubles du langage et des anomalies des mouvements oculaires, les experts croyaient jusqu’à tout récemment que ces manifestations n’avaient aucune incidence sur l’aptitude à la lecture. Or, les experts de l’Université McGill ont observé que la plupart de ces études comportaient des tests reposant sur des unités composées d’un seul mot. Ces tests ne permettent pas d’évaluer la fluence de lecture, laquelle est influencée par le contexte dans lequel les mots apparaissent et par les mouvements oculaires qui déplacent l’attention d’un mot à l’autre.
L’étude mcgilloise, dirigée par la doctorante Veronica Whitford et les professeures de psychologie Debra Titone et Gillian A. O’Driscoll, a permis d’enregistrer les mouvements oculaires des sujets durant la lecture de phrases simples. Diffusés pour la première fois en ligne l’année dernière, les résultats obtenus sont publiés dans le numéro de février du Journal of Experimental Psychology: General.
L’enregistrement des mouvements oculaires permet d’évaluer de manière claire et objective l’intensité des efforts déployés pendant la lecture. Ainsi, devant un passage difficile, on dénote généralement des mouvements oculaires de plus faible amplitude, la plupart des gens passant plus de temps à déchiffrer et à relire chaque mot. Les gens ont également plus de mal à percevoir les mots qui suivent immédiatement les mots fixés et planifient ainsi leurs mouvements oculaires moins efficacement. Ìý
Menée auprès de 20 patients atteints de ²õ³¦³ó¾±³ú´Ç±è³ó°ùé²Ô¾±±ð traités en clinique externe etÌý16Ìýsujets ne souffrant pas de maladie mentale, l’étude de McGill a démontré que les habitudes de lecture des patients atteints de ²õ³¦³ó¾±³ú´Ç±è³ó°ùé²Ô¾±±ð étaient très différentes de celles des autres sujets de même sexe, même âge et même statut familial et social. Ainsi, les patients atteints de ²õ³¦³ó¾±³ú´Ç±è³ó°ùé²Ô¾±±ð Ìýlisaient plus lentement, présentaient des mouvements oculaires de plus faible amplitude et accordaient plus de temps au traitement de chaque mot et à la relecture. Ils avaient en outre plus de mal à déchiffrer les mots subséquents, ce qui facilite la lecture.
Les chercheurs se sont penchés sur les facteurs susceptibles de nuire à la fluence de lecture chez les patients atteints de ²õ³¦³ó¾±³ú´Ç±è³ó°ùé²Ô¾±±ð — notamment leur capacité à segmenter les mots en éléments sonores et à contrôler efficacement leurs mouvements oculaires en dehors des situations de lecture — et ont conclu que ces deux facteurs étaient associés à des troubles de la lecture. ÌýÌý
«ÌýNos résultats indiquent que l’évaluation des troubles de lecture, associée à d’autres données telles que les antécédents familiaux, pourrait contribuer au dépistage de la ²õ³¦³ó¾±³ú´Ç±è³ó°ùé²Ô¾±±ð à ses débuts — et en favoriser le traitement précoce », précise VeronicaÌýWhitford.
La fluence de lecture étant une compétence essentielle, il existe, chez les personnes atteintes de ²õ³¦³ó¾±³ú´Ç±è³ó°ùé²Ô¾±±ð , une forte corrélation entre l’aptitude à la lecture et le degré d’autonomie. «ÌýLes interventions visant à accroître les compétences en lecture chez les personnes atteintes de ²õ³¦³ó¾±³ú´Ç±è³ó°ùé²Ô¾±±ð pourraient contribuer de façon importante à l’amélioration de leurs aptitudes socialesÌý», ajoute la professeure Titone.
Christopher C. Pack, de l’Institut neurologique de Montréal, ainsi que Ridha Joober et Ashok Malla, du Département de psychiatrie de l’Université McGill et de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, ont également contribué à cette recherche. Ìý
IMAGE: Participants' eye movements were recorded as they read short sentences on a computer screen; head movements were minimized by padded chin- and head-rests. (Photo courtesy of D. Titone)
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