National Geographic met un hydrographe mcgillois « sur la carte »
National Geographic met un hydrographe mcgillois « sur la carte » Conçue par Bernhard Lehner, une carte mondiale des fleuves unique en son genre incluse dans le numéro d'avril du magazine
Bernhard Lehner, du Département de géographie de l'Université McGill, est un hydrographe dont le travail vient littéralement de prendre une ampleur mondiale. Une carte unique présentant les fleuves de la totalité du globe, qu'il a réalisée en fusionnant les disciplines de l'hydrologie et de la cartographie, sera offerte en supplément détachable dans le numéro d'avril 2010 du National Geographic qui traitera des eaux douces. Ce prestigieux magazine mensuel est publié dans 32 langues et consulté par plus de huit millions de lecteurs chaque mois.
« Je suis vraiment satisfait que l'on accorde une si grande attention à ce produit de la science », a déclaré monsieur Lehner. « Cela confirme que la géographie contribue à la résolution de problématiques auxquelles le public s'intéresse et qui revêtent une importance au-delà du milieu universitaire. National Geographic publie habituellement des cartes très colorées, alors que celle-ci est presque monochrome. Elle compte peu de texte et aucune photographie ni image et ses concepteurs ont insisté pour que seuls les fleuves soient mis en évidence. À ce jour, aucune représentation de bonne qualité des fleuves mondiaux n'avait été conçue », de préciser le chercheur.
Il y a six ans, alors qu'il travaillait avec le Fonds mondial pour la nature, Bernhard Lehner a entrepris un projet très ambitieux : être le premier à concevoir une carte numérique, fluide et exhaustive des fleuves de la planète, offrant une qualité de résolution et des détails sans précédent.
Puisant dans les données recueillies en 2000 à l'issue de la mission de topographie par radar de la navette de la NASA, un vol de la navette spatiale consacré à la mesure de la topographie de la surface terrestre, monsieur Lehner a produit une carte haute résolution d'une petite portion du bassin amazonien. Des cartes de l'Amazone et de l'Amérique du Sud ont suivi. Le projet, auquel le Fonds mondial pour la nature fait référence sous le nom de Données et cartes hydrologiques fondées sur les dérivés de l'élévation de la navette à plusieurs échelles (HydroSHEDS - Hydrological data and maps based on SHuttle Elevation Derivatives at multiple Scales) a continué de progresser, la puissance de l'ordinateur a été amplifiée et Bernhard Lehner et son équipe ont commencé à rédiger un code qui a ensuite servi à cartographier les fleuves de tous les continents.
Il y a quatre ans, Bernhard Lehner a quitté le Fonds mondial pour la nature afin de devenir titulaire de la Chaire professorale en hydrologie mondiale au Département de géographie de l'Université McGill. Depuis, il a travaillé sans relâche à la réalisation de la carte, tout en bénéficiant du soutien continu du Fonds mondial pour la nature.
Bien qu'il ne s'agisse pas de la première carte mondiale des fleuves - que l'on peut trouver dans n'importe quel atlas - c'est la première carte complète des fleuves de la planète qui soit offerte en haute résolution, sous format numérique. « Elle est générée à l'aide d'une famille de logiciels SIG fondés sur l'utilisation de pixels, tout comme les modèles hydrologiques informatiques », a expliqué monsieur Lehner.
Une autre caractéristique propre à cette carte est qu'elle peut être jumelée à d'autres cartes ou modèles hydrologiques. Cela permet à Bernhard Lehner de fournir des renseignements sur des caractéristiques comme le débit et de distinguer les fleuves des rivières, ce que les cartes traditionnelles n'ont pas réussi à illustrer facilement par le passé.
Bien que la version imprimée de la carte mondiale des fleuves sera officiellement lancée dans le National Geographic, HydroSHEDS reste une création évolutive puisque monsieur Lehner et son équipe continuent d'y ajouter d'autres attributs comme les noms et les catégories des fleuves, le tracé des bassins et sous-bassins versants ainsi que des liens vers d'autres couches, notamment les lacs et les réservoirs.
Il semble que la carte ait déjà des applications pratiques illimitées. De la biologie de la conservation à la modélisation du climat, en passant par l'irrigation et l'agriculture, la carte suscite une forte demande de la part de spécialistes oeuvrant dans différentes disciplines. Les données de la carte sont gratuites et téléchargeables. Bernhard Lehner estime que, depuis que les fichiers de données sont offerts en ligne, on compte au-delà d'un millier de téléchargements chaque mois.
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