Le CUSM met en garde contre la gravité des traumatismes cranio-cérébraux
L'été a été chaud et le temps idéal pour pratiquer une foule d'activités bicyclette, patin à roues alignées et planche à roulettes. Ces sports d'été sont certes amusants et bons pour la santé, mais ils comportent des risques. Les chutes et les collisions peuvent causer des blessures graves à la tête de même que des traumatismes cranio-cérébraux (TCC), certains fatals ou pouvant entraîner une invalidité permanente ou de longue durée.
« L'irresponsabilité des cyclistes, des patineurs et des planchistes représente aussi un risque pour les piétons » explique Mitra Feyz, directrice du Programme de traumatisme cranio-cérébral. « Chaque année, au Programme de TCC pour adultes de l'Hôpital général de Montréal (HGM) du CUSM, nous recevons de 450 à 500 patients, dont l'âge varie de 30 à 50 ans. Bien que 40 % des TCC font suite à un accident de voiture, le nombre de cas liés à la pratique du cyclisme représente 10 % du nombre total des patients admis pour des TCC.
Nancy Hébert, un cadre financier, est l'une de ces malheureuses victimes. Le 12 mai 2005, elle a été heurtée par un cycliste au moment où elle quittait son bureau et s'engageait sur le trottoir, au centre-ville de Montréal. Elle ne se souvient aucunement de ce qui s'est passé après la collision. Sa tête a heurté le pavé, elle a subi traumatisme cérébral grave et a sombré dans le coma.
« En tant que centre de traumatologie offrant des soins tertiaires, nous disposons de ressources médicales et d'une équipe pluridisciplinaire, dont un chirurgien traumatologue à l'interne, ce qui nous permet de dispenser des soins de traumatologie intégrés aux patients durant leur hospitalisation aux soins intensifs. Nous sommes aussi en mesure d'assurer un continuum de soins » indique le Dr Tarek Razek, directeur du Centre de traumatologie (adultes) du CUSM. « Lorsque des cas comme celui de Nancy se présentent, il est impératif de faire une première évaluation et de traiter le patient dans l'heure (le fait de dispenser des soins intégrés rapidement dans des moments aussi critiques est une question de vie ou de mort) ».
Vu la gravité de ses blessures, Nancy a été transportée à l'unité des soins intensifs pour adultes du CUSM où les spécialistes en neuro-traumatologie et l'équipe de réadaptation précoce (une équipe pluridisciplinaire formée de professionnels tels que des physiatres, psychothérapeutes, ergothérapeutes, nutritionnistes, orthophonistes, neuropsychologues, travailleurs sociaux et personnel infirmier) ont immédiatement commencé les traitements. C'est grâce à l'intervention rapide du programme de TCC pour adultes du CUSM que Nancy est sur la voie de la guérison.
« En raison de ses multiples blessures à la tête, nous avons décidé de traiter Nancy immédiatement » raconte la Dre Judith Marcoux. « La situation était critique. Nancy respirait à l'aide d'un ventilateur et l'augmentation de la pression dans sa tête m'inquiétait et aurait pu être fatale ».
Ce n'est que deux semaines plus tard et après une longue bataille pour sa survie que Nancy est sortie du coma, confuse et désorientée. Depuis l'accident, sa vie est complètement bouleversée. Elle affirme « Je suis toujours fatiguée, je ne parviens pas à me concentrer, je « perds le fil », j'ai du mal à coordonner les mots et les idées. J'ai dû réapprendre des choses aussi simples que garder l'équilibre, marcher. Il m'est impossible de travailler et de terminer ma maîtrise ».
« Nancy a fait beaucoup de progrès, mais ce n'est que le début d'un long parcours » selon le Dr Simon Tinawi, physiatre au CUSM. « La gravité de son traumatisme crânien a des conséquences majeures sur sa vie de tous les jours et les gestes les plus courants représentent pour elle un grand défi. Elle a dû revoir ses priorités et elle doit réintégrer la vie quotidienne de façon sécuritaire — un processus qui prendra du temps, de la patience et l'aide de professionnels en réadaptation. »
À long terme, le TCC a des répercussions sur l'ensemble de la structure sociale du patient. « Nous assurons soutien et formation à la famille de manière que tout le réseau social du patient puisse s'adapter aux changements entraînés par le traumatisme cérébral » d'ajouter le Dr Tinawi.
« Au Canada, les statistiques révèlent que chez les cyclistes, le port du casque protecteur réduit de 88 % les risques de traumatisme cérébral. Néanmoins, cette année, 87 % des patients ayant subi un TCC à la suite d’un accident de cyclisme ne portaient pas de casque. Ainsi, quatre cyclistes sur cinq ne portent pas de casque de protection comme il se doit » souligne Mme Feyz. « Je crois que le gouvernement devrait voter une loi rendant obligatoire le port du casque protecteur au Québec et ce, pour tous, quel que soit leur âge. Comme il s'avère que non seulement les cyclistes mais également les piétons sont exposés aux TCC, il est impératif que les cyclistes observent le code de la route et les règles de sécurité routière et qu'ils soient conscients de leur environnement. Faudrait-il imposer des règles plus strictes et des amendes plus sévères aux contrevenants ? »
L'HGM du CUSM est l'un des deux hôpitaux de soins tertiaires en traumatologie sur l'île de Montréal. Il assurera l'une des missions de base du futur Pôle hospitalier de la Montagne prévu dans notre projet de redéploiement qui comprend également la modernisation de l'Unité des soins intensifs de l'HGM.
Le 17 août 2005, les spécialistes en traumatologie et les membres de l'équipe de réadaptation précoce de l'HGM invitent les médias au centre de TCC pour une séance d'information sur les TCC et une rencontre avec Nancy Hébert, cette jeune patiente pleine de courage.