L’apprentissage d’une nouvelle langue modifie le développement du cerveau
Des chercheurs du Neuro découvrent un important facteur temps dans l’acquisition d’une deuxième langue
L’âge auquel un enfant apprend une deuxième langue peut avoir une incidence importante sur la structure de son cerveau adulte, selon une étude conjointe menée par l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal, le Neuro de l’Université McGill, et l’Université Oxford. La majorité des gens dans le monde apprennent à parler plus d’une langue pendant leur vie. Beaucoup le font avec une grande maîtrise en particulier s’ils apprennent les langues simultanément ou dès la petite enfance.
Selon l’étude, le modèle de développement du cerveau est similaire si l’on apprend une ou deux langues dès la naissance. Cependant, l’apprentissage d’une deuxième langue plus tard durant l’enfance après avoir appris à maîtriser une première langue (langue maternelle) modifie la structure du cerveau, en particulier le cortex frontal inférieur du cerveau. Chez les sujets de l’étude, le cortex frontal inférieur gauche était devenu plus épais et le cortex frontal inférieur droit, plus mince. Le cortex est une masse multicouche de neurones dont le rôle est majeur dans des fonctions cognitives comme la pensée, le langage, la conscience et la mémoire.
L’étude avance que l’apprentissage d’une deuxième langue après la petite enfance stimule une nouvelle croissance neuronale et des connexions entre neurones, similaires à ce qui est observable lors de l’acquisition d’habiletés motrices complexes comme la jonglerie. Pour les auteurs de l’étude, la difficulté qu’éprouvent certaines personnes à apprendre une deuxième langue plus tard dans leur vie pourrait s’expliquer sur le plan structurel.
« Plus l’acquisition d’une deuxième langue se fait tard durant l’enfance, plus les changements dans le cortex frontal inférieur sont grands », a expliqué la professeure Denise Klein, chercheuse à l’unité de recherche en neurosciences cognitives du Neuro et auteure principale de l’article publié dans la revue Brain and Language. « Nos résultats démontrent que l’âge de l’acquisition est crucial par rapport à la structure pour l’apprentissage d’une langue. »
À l’aide d’un programme logiciel mis au point au Neuro, les chercheurs ont étudié des résultats d’IRM d’hommes et de femmes vivant à Montréal, parmi lesquels 66 sont bilingues et 22 unilingues. Les travaux ont été soutenus par une subvention du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et un projet pilote dans le cadre de l’entente de collaboration en neurosciences entre les universités Oxford et McGill.
Le Neuro
L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal, le Neuro, est un centre médical universitaire unique qui se consacre aux neurosciences. Fondé en 1934 par le Dr Wilder Penfield, le Neuro a acquis une renommée internationale pour son intégration de la recherche, de ses soins exceptionnels aux patients et de sa formation spécialisée, essentiels à l’avancement de la science et de la médecine. À la fois institut de recherche et d’enseignement de l’Université McGill, le Neuro constitue l’assise de la mission en neurosciences du Centre universitaire de santé McGill. Les chercheurs du Neuro sont des chefs de file reconnus mondialement pour leur expertise en neurosciences cellulaire et moléculaire, en imagerie du cerveau, en neurosciences cognitives, ainsi que dans l’étude et le traitement de l’épilepsie, de la sclérose en plaques et de troubles neuromusculaires. Pour tout renseignement, veuillez consulter leneuro.com.