Imprimer des os plus solides
« Une première étape vers un changement révolutionnaire de la technologie de la greffe osseuse »
À l’aide d’une imprimante à jet d’encre modifiée, un chercheur de l’Université McGill met au point des os biocéramiques tridimensionnels susceptibles de révolutionner la chirurgie reconstructive.
Jake Barralet, professeur de l’Université McGill et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les biomatériaux ostéoinductifs, Charles Doillon, de l’Université Laval, et Uwe Gbureck, du Département de matériaux fonctionnels en médecine et médecine dentaire de l’Université de Wurzbourg, en Bavière, tablent sur la capacité de l’imprimante à jet d’encre d’imprimer couche sur couche, afin de mettre au point des matériaux poreux tridimensionnels, à l’aide de composantes de base qui se trouvent dans les os véritables. Les résultats des chercheurs sont publiés dans le Journal of Advanced Materials.
« Plutôt que d’imprimer sur du papier, nous imprimons sur un lit de poudre de ciment. Et plutôt que d’utiliser l’encre, nous utilisons un acide qui réagit avec le ciment et nous permet d’imprimer la forme désirée. L’image étant créée une couche à la fois, ce procédé est similaire à un tomodensitogramme; le résultat est tridimensionnel », a expliqué le Pr Barralet.
Bien que les imprimantes soient déjà utilisées à des fins de modélisation, c’est la première fois qu’une imprimante modifiée serve à la mise au point – à la température ambiante – d’os artificiels composés de phosphate de calcium, à l’aide de brushite de minéraux et d’hydroxylapatite. Étant donné que ce procédé se déroule à la température ambiante, les chercheurs sont capables de faire des greffes sur mesure à partir de matériaux qui se décomposent à basse température.
« Pour créer un os, il faut pouvoir compter sur une réserve de sang. Le contrôle que nous possédons à l’égard de la géométrie tridimensionnelle nous permet de maîtriser la croissance des vaisseaux sanguins, et de nous rapprocher ainsi davantage d’un os réel », a ajouté le Pr Barralet.
Susceptible d’être beaucoup plus efficace et d’entraîner des risques moindres que le prélèvement d’os, ailleurs dans le corps, pour la greffe osseuse, ce procédé pourrait également être utilisé en chirurgie reconstructive ou dans le cadre de réparations osseuses. « Bien que nous ayons encore beaucoup de chemin à parcourir avant de reproduire cette méthode dans un contexte hospitalier, il s’agit d’une première étape importante vers un changement révolutionnaire de la technologie de la greffe osseuse », a conclu le Pr Barralet.