Enzyme pourrait inhiber la croissance tumorale
Des chercheurs de l’Université McGill ont découvert que la protéine kinase activée par l’AMP (AMPK), enzyme clé de la régulation du métabolisme énergétique dans les cellules cancéreuses, pourrait occuper un rôle crucial dans la restriction de la croissance tumorale. L’AMPK agit comme une « jauge de carburant » au sein des cellules et réagit lorsqu’elle détecte des modifications des niveaux d’énergie. L’AMPK intervient lorsque ces derniers sont trop faibles, notamment pendant l’exercice physique ou les périodes de jeûne. Les chercheurs ont également constaté que l’AMPK assure la régulation du métabolisme des cellules cancéreuses et peut en restreindre la croissance.
Russell (Rusty) Jones, professeur adjoint au Centre de recherche sur le cancer Goodman et au DĂ©partement de physiologie de la FacultĂ© de mĂ©decine de l’UniversitĂ© McGill, est l’auteur de cette importante dĂ©couverte. Lui etĚý son Ă©quipe ont Ă©tĂ© le premier Ă dĂ©montrer que l’AMPK agit comme suppresseur tumoral chez l’animal. Cette Ă©tude a fait l’objet d’un article qui sera publiĂ© dans le numĂ©ro du 27 dĂ©cembre 2012 de la revue spĂ©cialisĂ©e °ä±đ±ô±ôĚý˛Ń±đłŮ˛ą˛ú´Ç±ôľ±˛őłľ.
« Le cancer est une maladie caractĂ©risĂ©e par la croissance et la division anarchiques des cellules. Pour se multiplier rapidement, ces dernières ont toutefois besoin d’une quantitĂ© suffisante d’énergieĚý», explique le professeur Jones. «ĚýL’AMPK agit comme la jauge de carburant d’une voiture : elle intervient lorsque les rĂ©serves d’énergie de l’organisme diminuent et inhibe la croissance cellulaire jusqu’à ce que les rĂ©serves augmentent. Nous voulions savoir si cette jauge pouvait influer sur l’apparition et l’évolution du cancer. Nos travaux ont permis de dĂ©couvrir que les tumeurs se dĂ©veloppaient plus rapidement chez les souris qui prĂ©sentaient de faibles taux d’AMPK, ce qui permet de croire que cette enzyme joue un rĂ´le important dans l’inhibition de la croissance tumorale, du moins pour certains types de cancer. » Pour les besoins de cette Ă©tude, le professeur Jones et son Ă©quipe se sont essentiellement intĂ©ressĂ©s au lymphome, type de cancer touchant le tissu lymphoĂŻde. Ils ont dĂ©couvert que la protĂ©ine Myc, qui est presente dans plus de la moitiĂ© des cas de cancer, pouvait entraĂ®ner un dĂ©veloppement plus rapide des lymphomes chez les souris prĂ©sentant de faibles taux d’AMPK.
Afin de composer avec leur prolifĂ©ration anarchique, les cellules cancĂ©reuses modifient leur mĂ©tabolisme ‒ la façon dont elles produisent de l’énergie. Contrairement aux cellules saines, les cellules cancĂ©reuses se nourrissent prĂ©fĂ©rablement de sucre pour assurer leur croissance. Le professeur Jones a dĂ©couvert que l’AMPK inhibe la capacitĂ© de ces cellules Ă mĂ©taboliser le sucre pour stimuler leur croissance. « Le mĂ©tabolisme des cellules cancĂ©reuses qui prĂ©sentent de faibles taux d’AMPK s’emballeĚý», explique le chercheur. «ĚýElles utilisent le sucre plus efficacement, ce qui leur permet de se dĂ©velopper plus rapidement. Ces rĂ©sultats permettent de croire que l’augmentation des taux d’AMPK dans les cellules cancĂ©reuses pourrait contribuer Ă inhiber la croissance tumorale.Ěý»
Cette percée s’appuie sur une autre étude du professeur Jones, qui avait permis de conclure qu’un antidiabétique couramment prescrit, la metformine, contribue à inhiber la croissance tumorale. Ces résultats portent à croire que des médicaments d’usage courant qui stimulent les taux d’AMPK et modifient le métabolisme cellulaire, comme la metformine, pourraient enrichir l’arsenal thérapeutique dont disposent les médecins dans la lutte contre le cancer. Le professeur Jones et ses collègues de l’Université McGill étudient actuellement les applications cliniques de cette découverte.
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