En quête d’un nouveau test pour les enfants victimes d’une commotion
Une étude sur l’activité cérébrale aide au diagnostic de commotions chez les enfants et les jeunes
Des chercheurs de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal – le Neuro, de l’Université McGill et du CUSM, se consacrent à la conception d’un outil essentiel pour aider au diagnostic d’une commotion ou d’un léger traumatisme cérébral dont sont victimes des milliers de jeunes Canadiens qui jouent notamment au hockey ou au football. Parmi les symptômes post-commotion cérébrale figurent des troubles d’ordre physique et émotif et des troubles du sommeil. Il est crucial de concevoir des méthodes objectives pour prédire à quel point un léger traumatisme cérébral peut affecter le cerveau d’un jeune. Avec le potentiel particulièrement réel des effets nocifs chez les enfants et les jeunes - et l’accroissement de la menace de répétition de blessures et d’effets cumulatifs des commotions (et de liens à d’autres maladies neurologiques graves), il est pressant de mettre au point un diagnostic précis et un suivi adéquat.
« Les outils actuels de diagnostic ne sont pas assez sensibles pour déceler de petites anomalies à la suite d’une commotion cérébrale ou pour mesurer sa gravité. Par conséquent, cela complique le diagnostic, le traitement et le pronostic », indique le neurochirurgien Rajeet Singh Saluja, premier auteur de l’étude travaillant sous la supervision du neuropsychologue Alain Ptito, dont le laboratoire est au Neuro. « Notre étude fournit de précieuses données pour concevoir un outil grâce auquel il sera possible de diagnostiquer les commotions objectivement et d’aider à évaluer le rétablissement. »
Ces dernières années, on a constaté, chez les adultes ayant une commotion, que la mémoire spatiale (position des objets dans l’espace) et l’apprentissage d’un itinéraire (navigation de la mémoire spatiale) pourraient être affectés. Or, jusqu’à maintenant, aucune étude n’a examiné la mémoire de navigation spatiale chez les enfants victimes d’une commotion.
Cinquante adolescents – 15 sujets ayant une commotion et 35 sujets témoins – ont pris part à l’étude. Aux examens neuropsychologiques standards administrés aux victimes d’une commotion s’ajoutait un test de mémoire de navigation durant lequel les adolescents devaient s’orienter dans un quartier virtuel. Pendant l’exécution de la tâche, les chercheurs ont soumis les sujets à un examen d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour mesurer l’activité de leur cerveau.
« Les tests neuropsychologiques standards ne révélaient aucune différence notable entre les sujets victimes d’une commotion et les sujets témoins », précisent les professeurs Saluja et Ptito. « Mais durant la tâche de mémoire de navigation, certaines parties du cerveau des sujets ayant subi une commotion présentaient une modification des schémas de l’activité cérébrale, soit une diminution ou une augmentation de l’activité. Il reste à déterminer si les schémas d’activité cérébrale reviennent plus tard à la normale ou si la modification est permanente, mais ce pourrait servir de base à un test fiable pour diagnostiquer les enfants ayant subi une commotion et évaluer le rétablissement. »
Selon l’étude, la tâche de la mémoire spatiale pourrait servir de test pour diagnostiquer par IRMf une victime chez qui on soupçonne une commotion et aider à la prise de décision concernant le retour aux activités.
L’étude a été soutenue par les Instituts de recherche en santé du Canada, une bourse Frank Litvack de la Litvack Family Foundation à l’intention de cliniciens-chercheurs et le Fonds de recherche du Québec - Santé. L’étude paraît dans Journal of Neurotrauma (en ligne avant la version imprimée le 25 février 2015) :
L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal
L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal – le Neuro – est un centre médical universitaire unique qui se consacre aux neurosciences. Fondé en 1934 par l’éminent neurochirurgien Wilder Penfield, le Neuro a acquis une renommée internationale pour son intégration de la recherche, de ses soins exceptionnels aux patients et de sa formation spécialisée, essentiels à l’avancement de la science et de la médecine. À la fois institut de recherche et d’enseignement de l’Université McGill, le Neuro constitue l’assise de la mission en neurosciences du Centre universitaire de santé McGill. Les chercheurs du Neuro sont des chefs de file reconnus mondialement pour leur expertise en neurosciences cellulaire et moléculaire, en imagerie du cerveau, en neurosciences cognitives, ainsi que dans l’étude et le traitement de l’épilepsie, de la sclérose en plaques et de troubles neuromusculaires. Pour tout renseignement, veuillez consulter