Des chercheurs identifient un mécanisme participant à la propagation du VIH-1
La découverte des chercheurs de l’Université McGill et de l’Hôpital général juif pourrait mener à des traitements bloquant la réquisition de « l’autoroute » interne de la cellule
Des chercheurs canadiens pourraient avoir identifié une faille dans l’armure du virus d’immunodéficience humaine de type 1 (VIH-1), responsable du sida. Ils ont identifié le mécanisme cellulaire clé auquel a recours le VIH-1 pour pirater la cellule humaine à son avantage. L’étude, réalisée par des scientifiques de l’Université McGill et de l’Institut Lady Davis pour la recherche médicale de l’Hôpital général juif de Montréal, en collaboration avec des chercheurs de l’Université du Manitoba et de l’Université de la Colombie-Britannique, a été publiée en mai par le Journal of Biological Chemistry.
Une fois qu’une cellule est infectée par le VIH-1, l’activation du gène du virus produit une importante molécule d’acide ribonucléique (ou ARN) du VIH-1 connue sous le nom d’ARN génomique. Cette molécule est ensuite transportée du noyau de la cellule vers la surface intérieure de la membrane du plasma. L’ARN génomique peut produire à la fois des protéines structurelles et des enzymes, mais une fois qu’il arrive à la membrane du plasma, il peut aussi s’assembler pour former de nouvelles copies du virus qui émergent de la cellule. Le Dr Andrew J. Mouland et ses collègues ont découvert comment l’ARN génomique est transporté, ou détourné, à partir du noyau jusqu’à la membrane du plasma.
« Il y a une autoroute à l’intérieur de la cellule humaine », a expliqué le Dr Mouland, professeur agrégé aux départements de médecine et de microbiologie et immunologie de l’Université McGill et directeur du Laboratoire de détournement de l’ARN du VIH-1 à l’Institut Lady Davis. « Quand vous vous rendez à Toronto en automobile, vous effectuez, en quelque sorte, le ‘trafic’ des objets dans votre coffre. De la même manière, ce que nous avons démontré est que le VIH-1 réquisitionne le mécanisme endosomique de la cellule hôte pour transporter ses protéines structurelles et l’ARN génomique. Imaginez qu’il saute sur un véhicule en marche et lui fasse prendre la direction qu’il veut. Ce détournement peut se produire très rapidement dans les cellules. C’est donc ainsi que ces composantes clés du VIH-1 se rendent si efficacement à la membrane du plasma, là où le virus peut commencer à se former.
« L’ARN génomique joue un rôle décisif, car s’il n’est pas détourné au bon endroit sur la membrane du plasma, le virus ne sera pas infectieux », a-t-il expliqué.
Le Dr Mouland a qualifié cette découverte de très prometteuse. En comprenant désormais un peu plus comment le VIH-1 réquisitionne le mécanisme de transport de la cellule, les chercheurs peuvent espérer commencer à élaborer des stratégies pour en bloquer le processus.
Ces résultats sont appuyés par une étude réalisée par l’équipe du chercheur Édouard Bertrand (Institut de génétique moléculaire de Montpellier, Centre national de recherche scientifique). L’équipe française fera paraître ses propres résultats dans le Journal of Biological Chemistry en juin 2009.