Des chercheurs de McGill annoncent une percée dans la détection précoce de la malaria
Une technique au laser optique pourrait supplanter les lames porte-objet, la coloration et les microscopes
Une équipe de recherche dirigée par M. Paul Wiseman, du département de physique et de chimie de l'Université McGill, a développé une technique radicalement nouvelle qui, selon ce qu'indique une étude publiée dans le Biophysical Journal, utilise le laser et les effets optiques non linéaires pour détecter les infections palustres dans le sang humain. Les chercheurs affirment que cette nouvelle technique porte la promesse de méthodes plus simples, plus rapides et moins exigeantes en main-d'œuvre pour détecter les parasites du paludisme dans les échantillons sanguins.
La malaria est une maladie infectieuse à transmission vectorielle propagée par les parasites du genre Plasmodium. Très répandue dans les régions tropicales et subtropicales, elle constitue un fléau mondial qui atteint chaque année 350 à 500 millions de nouvelles personnes – et fait un à trois millions de victimes. C'est en Afrique subsaharienne qu'on compte le plus de victimes : là où les ressources et le personnel qualifié nécessaires pour établir des diagnostics exacts de la maladie sont le plus dispersés.
Les techniques de détection actuelles nécessitent des techniciens qualifiés capables de préparer des lames porte-objet, de repérer au microscope la signature de l'ADN des parasites et de compter manuellement toutes les cellules infectées visibles. C'est là une tâche laborieuse qui dépend des compétences et de la disponibilité des analystes qualifiés. En revanche, la nouvelle technique proposée repose sur un effet optique connu, appelé « génération de la troisième harmonique » (THG), par lequel l'hémozoïne – une substance sécrétée par les parasites – émet une lumière bleue lorsqu'on l'irradie au laser infrarouge.
« Les personnes familières avec la musique savent ce qu'est l'acoustique harmonique », a indiqué M. Wiseman. « Il existe des multiples de chaque fréquence sonore fondamentale. En ce sens, les effets optiques non linéaires leur sont semblables : en orientant un intense rayon laser d'une fréquence donnée sur certains types de matériaux, on génère des multiples de cette fréquence. La réaction optique non linéaire de l'hémozoïne à la troisième harmonique est très forte, d'où le rayonnement bleu. »
M. Wiseman et ses collègues espèrent à présent parvenir à adapter des technologies bien établies comme les lasers de télécommunications par fibres optiques et les trieurs de cellules pour diffuser rapidement leur technique hors des laboratoires et sur le terrain.
« Nous imaginons une unité autonome qui pourra être utilisée dans les cliniques des pays endémiques », a dit M. Wiseman. « L'opérateur pourra injecter des échantillons de cellules directement dans l'appareil, qui établira alors le nombre total de cellules infectées sans qu'aucune intervention manuelle ne soit nécessaire. »
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