Des chercheurs établissent un lien entre une enzyme et la malignité du cancer du sein
Une découverte mcgilloise qui contribuera au développement de nouveaux médicaments
Des chercheurs de l'Université McGill ont découvert le rôle crucial joué par l'enzyme kinase d'adhésion focale dans le développement du cancer du sein. Dirigée par le Dr William Muller et menée en collaboration avec des collègues de l'Université McGill et de l'Institut Beatson de recherche sur le cancer, situé en Écosse, les données recueillies sont parues au cours de la semaine du 26 novembre dans la publication Proceedings of the National Academy of Sciences (Compte rendu de l'Académie nationale des sciences). M. Hicham Lahlou, principal auteur de l'étude, est un boursier de recherches postdoctorales qui œuvre au sein du laboratoire supervisé par le Dr Muller.
L'équipe de chercheurs mcgillois a été en mesure de désactiver la fonction de la kinase d'adhésion focale dans la glande mammaire de souris transgéniques auxquelles le cancer a été inoculé. « Ce faisant, nous avons essentiellement interrompu la progression tumorale dans le modèle de rongeur. Cela démontre que la kinase d'adhésion focale, déjà liée à la croissance tumorale dans le cas du carcinome cutané, joue un rôle de premier plan relativement à l'évolution de la tumeur du stade prémalin à malin dans un système tumoral mammaire », a indiqué le Dr Muller, professeur de biochimie à l'Université McGill, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en oncologie moléculaire et chercheur rattaché au Groupe d'oncologie moléculaire du Centre universitaire de santé McGill.
En 2004, le Dr Muller et son équipe ont réalisé une percée similaire en démontrant que la protéine bêta-1 intégrine jouait un rôle d'une importance similaire dans l'évolution de la croissance tumorale et dans le développement du cancer du sein chez les souris manipulées génétiquement. Les chercheurs ont également constaté qu'une fois ce gène bloqué, la croissance des tumeurs cancéreuses était interrompue. La dernière découverte au sujet de la kinase d'adhésion focale est une suite fort emballante aux recherches antérieures, car, contrairement au bêta-1 intégrine, les enzymes kinases peuvent parfaitement être « médicamentées » par la technologie actuelle.
À l'instar de la recherche préalablement menée par l'Institut Beatson qui établissait un lien entre la kinase d'adhésion focale et la progression tumorale dans le cas du carcinome cutané, le Dr Muller souligne que les données recueillies demeurent au stade préliminaire. « Toutefois, le développement d'un inhibiteur de la kinase d'adhésion focale permettrait sans contredit d'inclure une autre arme à l'arsenal voué à la lutte contre le cancer du sein », a-t-il conclu.