De nouvelles recherches publiée aujourd'hui dans la prestigieuse revue Nature présentent sous un angle différent l'évolution de la parole chez les humains
Une étude, publiée aujourd’hui dans la prestigieuse revue Nature et faisant état des recherches du Dr Michael Petrides et de ses collègues de l’Institut neurologique de Montréal (INM) de l’Université McGill, remet en question les opinions actuelles selon lesquelles le développement de la parole résulte de nouvelles structures qui ont évolué dans le cerveau humain. Dr Petrides et ses collègues ont mis en lumière une région distincte du cerveau qui contrôle les mouvements de la mâchoire chez les singes macaques et qui est comparable à l’aire de Broca – la région du cerveau humain qui est le centre moteur de la parole. Cette découverte est importante, car elle donne à penser que cette région du cerveau a évolué à l’origine pour accomplir un contrôle d’ordre supérieur de la bouche et de la mâchoire, et qu’au fur et à mesure de l’évolution des humains, cette région en est arrivée à contrôler les mouvements nécessaires à la parole.
« Notre étude montre que les singes non linguistiques possèdent une aire comparable à l’aire de Broca – elle est située dans la même région et a les mêmes caractéristiques anatomiques que l’aire de Broca dans le cerveau humain », a expliqué Dr Michael Petrides, coordinateur de l’Unité de neurosciences cognitives à l’INM et professeur au département de neurologie et de neurochirurgie de l’Université McGill.
Les chercheurs ont effectué des analyses microscopiques quantitatives de la cytoarchitecture de la région d’intérêt et une stimulation électrophysiologique et un enregistrement de cette région. La stimulation électrique de cette région chez un singe suscitait des réactions motrices orales et faciales, telles que des séquences de mouvements de mâchoires de même que des réactions respiratoires. De plus, l’aire de Broca est reliée avec une région du cerveau située immédiatement devant elle qui est associée à la récupération de l’information dans la mémoire.
« Ces connexions nous donnent à penser que l’aire de Broca est dans une position unique pour utiliser l’information concernant les expériences passées qui est stockée dans la mémoire au service d’actes de communication », explique Dr Petrides. « Autrement dit, l’aire de Broca peut avoir évolué à l’origine comme une aire exerçant un contrôle d’ordre supérieur sur les actions orales et faciales, y compris celles liées aux actes de communication et, dans le cerveau humain, cette aire en est arrivée à contrôler aussi certains aspects de l’acte de la parole. »
Les chercheurs espèrent que de futures études de l’anatomie et de la physiologie de cette région ouvriront de nouvelles perspectives sur les raisons pour lesquelles l’aire de Broca est associée à la parole dans le cerveau humain.
Cette recherche bénéficie du soutien financier des Instituts de recherche en santé du Canada et de la James S. McDonnell Foundation.
Les Instituts de recherche en santé du Canada sont l’organisme de recherche en santé du gouvernement du Canada. Leur objectif est de créer de nouvelles connaissances scientifiques et de favoriser leur application en vue d’améliorer la santé, d’offrir de meilleurs produits et services de santé et de renforcer le système de santé au Canada. Composés de 13 instituts, les IRSC offrent leadership et soutien à près de 10 000 chercheurs et stagiaires en santé dans toutes les provinces du Canada.
L’Institut neurologique de Montréal
() de l’Université McGill (www.mcgill.ca) est un institut de recherche qui se consacre à l’étude du système nerveux et des maladies neurologiques. Fondé en 1934 par le réputé Dr Wilder Penfield, l’INM est l’un des plus grands instituts du genre au monde. Les chercheurs de l’INM sont des chefs de file en neurosciences cellulaires et moléculaires, en imagerie cérébrale, en neurosciences cognitives ainsi qu’en étude et traitement de l’épilepsie, de sclérose en plaques et des troubles neuromusculaires. L’INM, avec son partenaire clinique Hôpital neurologique de Montréal (HNM), de Centre universitaire de santé McGill () continue d’intégrer recherche, soins aux patients et formation. L’INM est reconnu comme un des premiers centres en neurosciences au monde. Déjà bien connu pour son Centre d’imagerie cérébrale McConnell, l’INM élargira sa recherche en imagerie cérébrale durant les prochaines années grâce à une subvention de 28 millions de dollars de la Fondation canadienne pour l’innovation, en partenariat avec le gouvernement du Québec. L’INM compte aussi élargir ses initiatives sur la sclérose en plaques, l’imagerie optique et les nanoneurosciences.