Combattre la pharmacorésistance dans le traitement de l’hépatite C
L’évaluation médicamenteuse améliorée par l’étude du mécanisme de défense du virus
Grâce à l’identification d’un mécanisme de défense présent dans le virus similaire au mécanisme de résistance du VIH, des chercheurs de l’Université McGill ont découvert un fil conducteur dans le développement de nouveaux candidats-médicaments destinés à l’éradication du virus de l’hépatite C (VHC).
« La maîtrise des mécanismes biochimiques associés à la pharmacorésistance rend possible le développement de médicaments en tubes à essais qui soient davantage performants en clinique », a indiqué le Dr Matthias Götte, professeur agrégé au Département de microbiologie et d’immunologie de l’Université McGill et récipiendaire d’une bourse nationale de carrière des Instituts de recherche en santé du Canada. Les traitements antiviraux font généralement appel aux inhibiteurs, des composés qui empêchent les enzymes de reproduire le virus, ce qui entraîne ultérieurement l’élimination de l’infection. Cependant, l’un des mécanismes de défense identifiés dans le VIH est activé lorsque l’enzyme viral extrait les inhibiteurs, permettant ainsi au virus de continuer à se multiplier.
Dans le cadre de leur étude qui sera publiée dans le numéro d’août du journal Antimicrobial Agents and Chemotherapy (déjà disponible en ligne), le Dr Götte et ses collègues ont mis à l’essai une catégorie d’inhibiteurs hautement prometteurs appelés analogues nucléosidiques, afin de voir si l’hépatite C fait appel à un mécanisme de défense similaire. Les chercheurs ont découvert que certains de ces inhibiteurs sont extraits de manière efficace, tandis que d’autres demeurent en place, bloquant ainsi un enzyme viral essentiel. La compréhension de la réponse de certains analogues à l’exérèse peut nous amener à en rehausser les fonctions médicamenteuses.
Étant donné que l’infection à l’hépatite C est l’une des principales causes de l’atteinte hépatique sévère et du cancer du foie, le Dr Götte souligne que d’autres recherches doivent être menées d’urgence. Dans le monde, on évalue le nombre de personnes atteintes d’hépatite C à 200 millions. Au Canada, environ un pour cent de la population est atteint de ce virus, ce qui représente quelque 250 000 individus.
De nombreux facteurs ont freiné le développement de traitements plus performants dans la lutte contre le VHC. Dans plusieurs cas, les personnes qui en sont atteintes l’ignorent, car les symptômes qui y sont associés se présentent beaucoup plus tard que dans le cas du VIH. Les tests destinés à déceler les cas d’infection auprès de patients n’ont été menés de manière exhaustive qu’au début des années 1990, et les outils nécessaires à l’élaboration de médicaments de pointe n’ont été disponibles qu’au cours des dernières années.
« Le succès du traitement dépend largement de la souche du virus responsable de l’infection et à l’heure actuelle, le traitement utilisé dans l’éradication de l’hépatite C est souvent contrecarré par la souche la plus courante. D’ailleurs, le taux de succès enregistré est grandement inférieur à celui du traitement médicamenteux du VIH », a indiqué l’étudiante au cycle supérieur Megan Powdrill, coauteure de l’étude. Claudia D’Abramo, ancienne étudiante au cycle supérieur, et Jérôme Deval, ancien boursier postdoctoral, sont également coauteurs de l’étude.
Afin de faire progresser les recherches sur le VHC, le groupe chapeauté par le Dr Götte s’inspire des leçons tirées du traitement du VIH et du développement de médicaments qui y sont associés. Son groupe et ses collègues de la société biopharmaceutique californienne Gilead Sciences ont récemment mené des tests portant sur le ténofovir. Contrairement à l’AZT, un autre médicament important dans le traitement du VIH, le ténofovir empêche l’extraction en formant un complexe inactif avec l’enzyme. L’article portant sur cette recherche paraîtra également dans le numéro d’août d’Antimicrobial Agents and Chemotherapy. « Bien que la formation d’un complexe similaire aux inhibiteurs de l’hépatite C ne soit pas une simple tâche, cette démarche rehausse notre compréhension de la voie à emprunter pour mettre fin à la résistance virale », a souligné le Dr Götte.
Cette recherche a été financée par la Société de recherche sur le cancer, les Instituts de recherche en santé du Canada, le Programme national canadien de formation sur l’hépatite C et le Fonds de la recherche en santé du Québec.
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