Étude : le programme de vaccination anti-VPH est prématuré
Il faut d’abord répondre aux questions et aux préoccupations, prévient une professeure de McGill
Le plan du gouvernement fédéral visant à lancer un programme national de vaccination contre le virus du papillome humain (VPH) pour les femmes et les jeunes filles est prématuré et pourrait avoir des conséquences négatives non intentionnelles, selon une étude dirigée par la professeure Abby Lippman de l’Université McGill.
« Il faut répondre à un certain nombre de questions sans réponse avant de mettre en place un programme de vaccination », déclare la professeure Lippman du Département d’épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail de l’Université McGill, membre du Réseau canadien pour la santé des femmes (RCSF) et auteure principale du commentaire Human papillomavirus, vaccines and women’s health: questions and cautions, qui sera publié dans la 28e édition du Journal de l’Association médicale canadienne.
La professeure Lippman ainsi que ses collègues du RCSF, du Département de bioéthique de l’Université Dalhousie et de la Women’s Health Clinic à Winnipeg, ont examiné une variété de documents, y compris ceux du fabricant qui accompagnaient la demande d'approbation de Gardasil, le vaccin anti-VPH utilisé actuellement. Au nombre des questions sans réponse, ils citent les suivantes : « Où sont les données sur l’efficacité du vaccin anti-VPH lorsqu’il est administré en même temps que d’autres vaccins, comme cela risque de se produire dans la pratique réelle? Quelle sera l’incidence de facteurs comme l’état nutritionnel, le tabagisme et la santé générale d’une personne sur l’innocuité ou l’utilité du vaccin anti-VPH? »
Bien que le vaccin puisse prévenir l’infection primaire par le VPH des types 16 et 18, que l’on croit être à l’origine d’environ 70 pour cent des cas de cancer du col de l'utérus, ils affirment que l’absence de données suffisantes sur l’efficacité du vaccin et d’objectifs clairs et tangibles dans le programme national de vaccination proposé est une source de préoccupation.
La professeure Lippman et ses collègues conseillent vivement au gouvernement d’éduquer le public sur les réalités du cancer du col de l’utérus, l’infection par le VPH et les vaccins anti-VPH, d’établir des objectifs clairs pour un programme de vaccination systématique et de soutenir une recherche impartiale en vue de recueillir les données qui manquent actuellement.
« Prenons le temps d’arriver à des décisions solides en matière de politique en nous appuyant sur des preuves réelles », déclare la professeure Lippman.