En dehors de leurs heures de cours ou de laboratoire, les étudiants de premier cycle de la Faculté des sciences disposent de nombreuses possibilités de collaborer directement avec des scientifiques mcgillois de renommée mondiale sur des projets qui leur permettent d’acquérir des compétences pratiques, des unités en vue de l’obtention de leur diplôme, et de se familiariser avec le milieu de la recherche.
Le Département des sciences de la Terre et des planètes offre certaines des occasions les plus excitantes et variées de s’essayer à la recherche. Les étudiants y appliquent les bases de la chimie, de la physique, de la biologie et de la science des données à des projets sur le fonctionnement de notre planète, de nos sociétés, voire sur la recherche de formes de vie hors du système solaire.
Trois étudiantes mcgilloises reviennent sur leurs expériences pour donner un aperçu de ce que l’on peut y découvrir dans le domaine des sciences de la Terre et des planètes.
Émilie Laflèche
Titulaire d’un baccalauréat en sciences
Le programme de recherche de premier cycle a permis à Émilie Laflèche d’appliquer les notions de géologie, de mathématiques et de physique apprises en cours au domaine qui la passionnait le plus : l’espace.
Émilie était encore en première année lorsqu’elle s’est initiée au codage, sous la supervision de Nicolas Cowan, professeur de sciences de la terre et planètes et de physique, pour cartographier les caractéristiques de surface d’exoplanètes modélisées à l’aide de données de réflexion lumineuse. Grâce à l’aide quotidienne de son superviseur et des étudiants aux cycles supérieurs de son équipe de recherche, Émilie a acquis la confiance nécessaire pour trouver et corriger les erreurs de son code Python. Cette expérience lui a donné l’occasion de mieux comprendre les sujets de recherche à sa disposition, ainsi que le rôle qu’elle pouvait tenir dans un processus de recherche.
« Se plonger dans tous ces nouveaux sujets a été un défi; j’ai dû lutter contre le syndrome de l’imposteur, je pense que beaucoup de chercheurs sont dans le même cas, surtout en début de carrière », explique Émilie.
« Mon message à toutes les personnes qui ont envie de s’essayer à la recherche, c’est qu’on passe tous par là . Le syndrome de l’imposteur, on le ressent tous au début, et il vous guette à toutes les étapes de votre parcours. Tout le monde le ressent au moins une fois. Ce qui compte, c’est de ne pas le laisser vous empêcher de poursuivre vos objectifs. »
Le sentiment d’appartenance qui lie Émilie au monde de la recherche s’est renforcé au cours d’une seconde expérience sous la supervision de Catherine Neish, professeure adjointe au Département des sciences de la Terre de l’Université Western Ontario : Émilie y a travaillé sur les dépôts de matière dans les cratères d’impact lunaires, ainsi que sur un projet dont les résultats pourraient servir à trouver des sites d’alunissage pour les prochaines missions Artémis de la NASA. Le point culminant de la recherche d’Émilie Laflèche a été la publication de deux résumés qu’elle a présentés à la Lunar and Planetary Science Conference au mois de mars 2021.
C’est Don Baker, professeur au Département des sciences de la Terre et des planètes, qui a tenu Émilie au courant du poste de stagiaire à pourvoir dans l’équipe de la Pre Neish, un bel exemple de la connexion de ce département McGill, malgré sa taille plutôt modeste, avec l’ensemble de la communauté scientifique.
« C’était vraiment formidable que cette professeure me contacte en sachant que j’étais l’étudiante ‘qui s’intéresse à l’espace’ », commente Émilie, qui entamera un doctorat en sciences des planètes à l’Université Purdue cet automne.
Julia Morales-Aguirre
Titulaire d’un baccalauréat en sciences, majeure en physique, présentement en deuxième année de maîtrise en sciences de la Terre et des planètes
L’expérience de recherche au cours de sa majeure en physique a « changé la vie » de Julia et l’a inspirée à changer d’orientation pour poursuivre des études de second cycle en sismologie.
« J’ai étudié la physique pendant la plus grande partie de mon premier cycle et j’ai fini par vraiment déprimer », se souvient-elle. « J’ai décidé de trouver un sujet d’étude qui ne me confine pas dans un sous-sol pour le reste de ma vie. »
Julia poursuit, sourire en coin : « Je me suis lancée dans une majeure connexe en géophysique, car on sait bien que les géologues vont souvent prendre l’air ».
Ce changement de parcours a mené Julia à un projet de thèse de premier cycle supervisé par Yajing Liu et Natalya Gomez, professeures au département de sciences de la Terre et des planètes, toutes deux spécialistes des séismes glaciaires au Groenland. Ces phénomènes sismiques, qui se produisent quand la base glaciaire des icebergs se détériore et provoque la chute des icebergs dans l’océan, offrent une occasion unique de mesurer le rythme de la fonte des glaces des icebergs. Ce sujet émergent, au croisement entre la sismologie et la climatologie, présente encore de nombreux défis pour les chercheurs, dont l’amélioration des méthodes de détection de ces activités telluriques et la compréhension de leurs relations avec les changements climatiques.
Julia explique que l’application de la science des données à sa recherche, qui l’a conduite à rédiger un code pour identifier les types d’ondes caractéristiques des séismes glaciaires, contrastait avec les bases théoriques très mathématiques de la sismologie. Plus important encore que les compétences techniques acquises, Julia souligne que cette expérience lui a apporté une « approche philosophique » fondée sur le travail d’équipe et une insatiable curiosité pour les questions en suspens.
« Le chemin vers le succès n’est pas linéaire. On apprend à se reprogrammer pour cesser d’attendre que des réponses arrivent de l’extérieur, parce qu’en réalité, il n’y a pas de réponse. C’est vraiment différent de tout ce qu’on apprend en classe au premier cycle, où tout problème a une solution vers laquelle on chemine. Au contraire, en recherche, la plupart du temps, on n’a pas de réponse. »
En évoquant son évolution d’étudiante de premier cycle en physique « presque découragée des cycles supérieurs » à jeune chercheuse dont le parcours doctoral commencera en 2022, Julia souligne le soutien apporté par Yajing Liu et Natalya Gomez, ses superviseuses, et l’importance accordée à la diversité et à l’inclusion au sein du Département des sciences de la Terre et des planètes.
« Les occasions de recherche [en sciences de la Terre et des planètes] ne dépendent pas que des résultats scolaires, mais aussi du potentiel et des intérêts des étudiants. C’est la volonté de collaboration et d’inclusion qui règne au Département qui m’a frappée quand je l’ai rejoint. Le fait d’avoir des bagages ou des parcours de vie différents n’a pas vraiment d’importance : les jeunes y sont considérés comme des scientifiques en devenir, et on y voit ce qu’ils peuvent apporter à la communauté. J’ai vraiment beaucoup apprécié cette approche. »
Shirley Xu
Étudiante en troisième année de baccalauréat en sciences, majeure en biologie et en économie
C’est lors d’une activité de réseautage étudiants-enseignants organisée par , un groupe estudiantin qui met en relation étudiants de premier cycle et enseignants qui recrutent pour leurs projets de recherche, que Shirley se souvient d’avoir été intriguée par la diversité de disciplines universitaires représentée dans le groupe de recherche du professeur Eric Galbraith, au Département des sciences de la Terre et des planètes.
« C’est précisément cette transdisciplinarité qui a éveillé ma curiosité et m’a donné envie de me renseigner sur son laboratoire, explique-t-elle. Les étudiants [du laboratoire] venaient entre autres de la biologie, de l’anthropologie, de l’informatique ou des sciences de la Terre et des planètes. »
Une conversation de cinq minutes avec Eric Galbraith a suffi à Shirley pour se faire enrôler dans le projet Human Chronome, qui analyse comment les humains organisent leurs activités quotidiennes à l’échelle mondiale, ainsi que l’influence de ces activités sur notre environnement et notre bien-être social. L’accès aux détails sur l’ensemble de ces comportements a permis aux chercheurs de faire des constats qui pourront orienter les décideurs vers des pratiques plus durables et un meilleur bien-être social.
« Le projet est un mélange idéal de tout ce qui m’intéresse en sciences et en économie, poursuit Shirley. Il porte sur les relations dans le système qui unit la Terre aux humains, et sur le fonctionnement de nos sociétés. »
Pour Shirley, le « plus » de cette expérience est d’avoir eu accès à des langues et à des cultures étrangères grâce aux données d’organisation du temps collectées aux quatre coins du monde. Après avoir commencé par travailler sur des données en provenance d’Inde, Shirley a obtenu une bourse de recherche de 1er cycle du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, grâce à laquelle elle a poursuivi ses travaux sur des données provenant de Russie, de Mongolie et de nombreux pays d’Amérique latine, ce qui lui a donné l’occasion d’acquérir de bonnes connaissances en espagnol.
Enfin, hors de McGill, Shirley a trouvé une occupation on ne peut plus complémentaire de sa recherche : elle travaille à temps partiel pour Statistique Canada, où elle collecte les données de recensement. En collectant ces données de porte à porte, Shirley a remarqué divers degrés de réticence à partager des données privées parmi les personnes sondées. Elle explique que faire l’expérience directe d’enquêtes sur le terrain lui a permis de comprendre comment certains biais ou certaines inexactitudes pouvaient se glisser dans le type de données qu’elle analyse pour sa recherche.
Les conseils de Shirley aux étudiants qui souhaitent se lancer en recherche : soyez prêts à explorer, prenez le temps de participer à des événements de réseautage et n’ayez pas peur de vous engager dans des projets qui ne correspondent pas tout à fait à votre profil universitaire.
« Restez curieux, tentez d’explorer sans trop vous angoisser et vous verrez, les débouchés ne manquent pas. Les occasions se présenteront si vous les cherchez. »