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L’heure est à la solidarité dans les programmes des professions de la santé

Corps étudiant et équipe professorale se serrent les coudes, avec collaboration et compassion, pour s’entraider et soutenir la communauté

Si la pandémie de COVID-19 et le confinement ont affecté l’ensemble de la communauté mcgilloise, la crise sanitaire a posé des défis tout particuliers aux étudiants et enseignants des programmes des professions de la santé de la Faculté de médecine.

Contrairement à la plupart des Montréalais, qui ont télétravaillé ou étudié à distance ce printemps, les professionnels de la santé ont continué de se rendre chaque jour au travail en première ligne. Dans leurs rangs se trouvent des stagiaires, étudiants et enseignants mcgillois.

« À titre d’infirmières et d’infirmiers en exercice, une grande partie de notre effectif étudiant et de notre corps enseignant clinique a été rappelée au travail à temps plein », expliquent Amanda Cervantes et Katherine Logue, coprésidentes du comité des technologies à l’École des sciences infirmières Ingram.

Devant cette interruption inévitable et sans précédent de la session d’hiver, Cervantes, Logue et leurs collègues étaient déterminées à aider les étudiantes et étudiants à terminer leur session. Elles ont rapidement uni leurs forces pour trouver des options d’apprentissage offrant plus de flexibilité – des solutions qu’elles continuent de peaufiner en préparation de la session d’automne –, notamment en faisant la transition vers Zoom pour les cours non cliniques.

« Avec beaucoup d’humilité et d’honnêteté, et une communication constante, le corps professoral a réussi à convertir la plupart des cours à l’enseignement à distance en quelques jours seulement », se souviennent-elles. « Comme infirmières, nous comprenions bien la gravité de la situation et l’importance d’aider les étudiantes et étudiants, en particulier les finissantes et finissants, à terminer leur session. »

Des solutions rapides et créatives

« Puisque nous avons fait le saut rapidement, nous avons dû vite passer en mode solution », ajoutent Cervantes et Logue. « Nous nous sommes donc relevé les manches ensemble, en tant qu’équipe, et avons sorti toute notre créativité! »

Au premier cycle, l’École a autorisé la réussite de la session selon le travail accompli jusque-là dans les cours. Aux cycles supérieurs, les enseignants ont travaillé avec les étudiantes et étudiants entre autres pour reporter certaines échéances de travaux, ou pour les aider à concilier travail, études et responsabilités familiales.

Pour aider les membres du corps professoral qui devaient consacrer plus de temps à leur travail clinique, l’École a veillé à ce que toutes les activités d’apprentissage puissent être réorganisées, présentées et notées rapidement.

Honnêteté et humanisme

À l’automne, l’équipe de l’École des sciences infirmières Ingram appliquera les leçons tirées de la session d’hiver pour aider à rendre l’expérience d’apprentissage à distance aussi enrichissante que possible pour tous les groupes concernés.

« Nous avons appris que de faire preuve d’honnêteté et d’humilité encourage les étudiantes et étudiants à participer activement à l’apprentissage que nous essayons de mettre en place », disent Cervantes et Logue.

« Nous avons aussi appris qu’en présentant un tableau honnête de notre situation à la maison – avec enfants, animaux de compagnie et vaisselle sale –, nous offrions une expérience beaucoup plus authentique », concluent-elles. « Nous espérons avoir aidé tout le monde à sentir la solidarité qui nous unit, et à savoir que toutes nos vies ont été perturbées et sont loin d’être parfaites. »

L’orthophonie passe en mode virtuel

Au même moment, à l’École des sciences de la communication humaine (ÉSCH), grâce à de nouveaux équipements mis en place à la clinique d’enseignement, les services pourront être offerts entièrement par télésanté, cet été et pour la suite.

Tous les interlocuteurs communiquent à distance depuis leur domicile. Les superviseures et superviseurs en orthophonie peuvent donc continuer d’offrir des services aux clients et des stages cliniques aux étudiantes et étudiants, tout en restant physiquement à distance.

Des étudiantes et étudiants de l’ÉSCH offrent également des services de télésanté aux enfants d’âge scolaire de Kahnawake, permettant ainsi à des jeunes à risque d’une communauté autochtone de profiter de services d’orthophonie pendant que leur école est fermée.

Développer ses habiletés cliniques à distance

L’École de physiothérapie et d’ergothérapie a elle aussi rapidement adapté ses cours offerts sur le campus à l’apprentissage à distance. En revanche, l’enseignement clinique a dû être repensé en profondeur pour répondre aux normes de certification et de réglementation, tout en minimisant le contact direct avec les patients et en maintenant l’éloignement physique.

L’équipe de formation clinique en physiothérapie a pu organiser rapidement des stages et des formations en télésanté pour les étudiantes et étudiants en début d’apprentissage clinique dans une grande franchise de cliniques de physiothérapie. L’équipe prévoit tirer parti de cette expérience pour développer de futurs stages de téléréadaptation dans des cliniques des secteurs public et privé affiliées à McGill.

Telehealth at the School of Physical Occupational Therapy

Selon Brandon Azimov, étudiant en physiothérapie, les stages de téléréadaptation comme celui qu’il a fait ce printemps offrent une expérience précieuse : « Je crois que la téléréadaptation est là pour rester, pas seulement à cause de la COVID-19, mais aussi pour les patients qui n’ont pas accès à la physiothérapie près de chez eux. »

L’équipe du programme d’ergothérapie a quant à elle développé un stage clinique hybride axé sur trois thèmes de la pratique de la réadaptation : télésanté et services à distance, application des connaissances (outils éducatifs) et nouveaux rôles pour les ergothérapeutes au Québec.

Kimberly McBain, étudiante en ergothérapie, estime elle aussi que l’expérience de stage en télésanté a été positive : « Même si, initialement, ma cohorte était déçue de ne pas avoir l’expérience typique d’un stage clinique, je crois que ça fera de nous des cliniciennes et cliniciens plus solides lorsque nous intégrerons le marché du travail. La pandémie nous a ouvert les yeux sur les conséquences d’une perte d’activités globale, et de notre rôle comme professionnels de la santé, pour intervenir en exerçant notre esprit critique et en proposant des techniques d’adaptation. »

Un élan de solidarité

La pandémie ayant interrompu temporairement les stages cliniques aux études médicales de premier cycle, les étudiantes et étudiants en médecine ont fait front commun pour aider la communauté et les professionnels de la santé eux-mêmes. Les nombreuses initiatives nées de cet élan visaient à fournir des ressources aux personnes âgées et aux réfugiés, à recueillir et à distribuer de l’équipement de protection individuelle, ou encore à faire du bénévolat dans des centres de soins de longue durée.

L’initiative Teletutor Outreach, lancée à la fin mars, est l’un de ces projets étudiants. L’objectif : offrir un tutorat en ligne gratuit aux enfants de professionnels de la santé en première ligne qui n’étaient pas en mesure de faire l’école à la maison durant l’une des périodes les plus occupées et stressantes de leur carrière.

« Nous venions d’être retirés de nos stages à l’hôpital et c’était difficile de voir tous ces gens en première ligne alors que nous étions chez nous, sans pouvoir aider », se rappellent les bénévoles. « Nous avons donc créé un formulaire Google pour sonder l’intérêt envers le télétutorat chez les étudiantes et étudiants en médecine, et nous avons eu beaucoup de volontaires. »

L’équipe a ensuite créé un formulaire pour les parents et l’a envoyé à des amis et collègues travaillant dans le réseau de la santé. Les demandes de services n’ont pas tardé à arriver.

Lancée avec une toute petite équipe, l’initiative compte désormais quelque 70 bénévoles. Le tutorat est offert de la première année du primaire au niveau collégial dans des matières comme les mathématiques, l’anglais, le français, les arts ou les sciences, surtout par Skype ou Zoom.

Les bénévoles offrent d’une à cinq heures de tutorat par semaine, en utilisant les ressources pédagogiques fournies par les parents, ou encore les lignes directrices et manuels disponibles en ligne.

« En tant qu’étudiants en médecine, être confinés à la maison durant la pandémie nous a donné l’impression de ne pas aider à la pleine mesure de nos capacités », conclut l’équipe. « Mais avec ce projet de tutorat, nous pouvons soutenir les professionnels de la santé qui sont tous les jours sur la ligne de front. »

Préparer la suite des choses

La réintégration des étudiantes et étudiants des professions de la santé dans leurs milieux de stages cliniques a commencé en juin, dans les hôpitaux et autres établissements de santé.

L’équipe de direction de la Faculté est maintenant dans la phase finale de planification de la formation par simulation et sur les habiletés cliniques en mode présentiel sur le campus. Ces activités commenceront cet été pour les programmes de médecine, de sciences infirmières, d’ergothérapie, de physiothérapie et d’orthophonie, comme complément aux cours donnés à distance.

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