Vous aimeriez faire quelque chose pour lutter contre les changements climatiques? Vous souhaitez participer à un projet de recherche concret aux côtés d’étudiants de diverses disciplines?
À l’École de l’environnement Bieler de McGill, il existe un cours qui permet de faire tout cela.
Dans le cours ENVR 401, des finissants au premier cycle font équipe pour mener des recherches au nom de vrais « clients », comme des organisations sans but lucratif, des organismes gouvernementaux et des unités de l’Université. Les étudiants définissent leur projet au début de la session d’automne. À la fin de la session, ils soumettent leur rapport final et ce dernier est transmis aux chercheurs et aux personnes concernées.
Laura Jardin, Léalu Que-Trépanier et les six autres étudiants faisant partie de leur équipe ont passé une bonne partie de l’automne à analyser la vulnérabilité aux changements climatiques de la ferme du campus Macdonald. Située le long des rives du fleuve Saint-Laurent à l’extrémité ouest de l’île de Montréal sur un terrain de 205 hectares, cette ferme expérimentale de démonstration est destinée à l’enseignement et à la recherche.
Originaire de Calgary, Laura est une étudiante de quatrième année qui fait une majeure en environnement par l’entremise de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement. Léalu, qui a grandi dans une petite ville à proximité de Montréal, fait quant à elle une majeure en environnement par l’entremise de la Faculté des sciences.
Le mandat
Leur cliente était Divya Sharma, agente au climat à McGill. Affectée au Bureau du développement durable, elle aide l’Université à atteindre son objectif de d’ici 2040 et participe aux divers projets de lutte contre les changements climatiques.
Divya Sharma a demandé à l’équipe de dresser la liste des principales infrastructures et activités des lieux, d’évaluer leur vulnérabilité aux changements climatiques, et de trouver des moyens d’atténuer ces risques.
Les étudiants se sont mis au travail en réalisant une analyse documentaire pour prendre la mesure des tendances climatiques de la région et trouver de possibles stratégies d’adaptation. Ils ont également réalisé une série d’entrevues avec des personnes sur place – des employés étudiants, des chercheurs et des étudiants – afin d’obtenir leur point de vue sur les activités et l’état de l’infrastructure à la ferme.
Les résultats
Le 7 décembre, les membres de l’équipe se sont réunis dans un amphithéâtre du Pavillon des arts pour présenter leurs résultats à leurs pairs du cours ENVR 401 et aux six enseignants qui supervisent la classe de 100 étudiants.
L’équipe de la ferme du campus Macdonald a présenté des données indiquant que les températures augmentent et que les saisons de croissance s’allongent depuis 1950. En outre, les précipitations extrêmes sont en hausse. Lors des entrevues menées avec les membres du personnel de la ferme, ces derniers s’entendaient pour dire que la fréquence et l’intensité des périodes sèches avaient augmenté au cours des dernière années.
L’équipe leur a proposé diverses mesures d’adaptation, dont l’utilisation accrue de variétés de cultures résistantes à la sécheresse, le recours à la méthode de culture intercalaire et la collecte de l’eau de pluie pendant les épisodes de précipitations extrêmes pour une utilisation pendant les périodes de sécheresse prolongées. Et comme l’adaptation aux changements climatiques nécessitera des efforts supplémentaires, l’équipe leur a également recommandé d’embaucher d’autres personnes à la ferme.
De la théorie à la pratique
Pour les étudiants, le cours est une excellente occasion de mettre en pratique une grande partie des connaissances qu’ils ont acquises dans le cadre de leur majeure en environnement et d’acquérir de l’expérience en conception et en mise en œuvre de projets. Le rapport final de 60 pages de l’équipe de la ferme du campus Macdonald, par exemple, contient une foule d’analyses et de suggestions détaillées, comme l’augmentation de l’utilisation de l’irrigation goutte à goutte.
« Les cours de première année sont très théoriques, et je voyais mal comment tout cela pouvait s’appliquer concrètement », raconte Léalu. Mais le cours ENVR 401 fait appel à de nombreuses compétences pratiques, comme la communication avec les personnes sur le terrain.
Les enseignants du cours sont des professeurs et des chercheurs postdoctoraux de disciplines dont la géographie, l’urbanisme et la biologie. L’automne dernier, les projets des étudiants traitaient notamment de transport urbain et des répercussions de l’utilisation des engrais agricoles sur l’empreinte azote du Canada.
« Ce cours permet aux étudiants d’acquérir une expérience pratique de l’analyse de la vulnérabilité aux changements climatiques – un atout recherché, surtout par les étudiants qui souhaitent travailler dans le domaine des changements climatiques une fois leur diplôme en poche », indique Camila Flórez Bossio, enseignante et chercheuse postdoctorale qui a terminé son doctorat à McGill l’an dernier. « Pour les clients, il s’agit d’une recherche précieuse qui les aide à déterminer leurs principales vulnérabilités et les moyens d’adaptation possibles. »
Divya Sharma a suivi le cours ENVR401 lorsqu’elle était elle-même étudiante au premier cycle, il y a de cela dix ans. Son projet portait sur les façons d’intégrer le développement durable aux programmes de l’Université McGill. Aujourd’hui, le Bureau du développement durable s’emploie précisément à cela; comme quoi le travail réalisé par les étudiants dans le cadre de ce cours peut semer les graines de changements futurs.
Le travail accompli par les étudiants pour la ferme du campus Macdonald « est un premier pas , car nous commençons à évaluer les risques que les changements climatiques posent pour l’Université dans son ensemble et à trouver de possibles mesures d’adaptation, indique Divya Sharma. Des collaborations comme celles-ci rehaussent nos forces. »