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Des camps de réfugiés au campus de McGill

Depuis 1986, la division mcgilloise de l’organisme Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC), dirigée et financée par des étudiants, parraine le parcours universitaire de réfugiés

Dans son rapport le plus rĂ©cent, le Haut Commissariat des Nations unies pour les rĂ©fugiĂ©s fait Ă©tat, pour la première fois de son histoire, »ĺ’au-delĂ  de 100 millions de personnes contraintes Ă  fuir conflits, violences, violations des droits de la personne ou persĂ©cutions. Ce triste record en cache un autre : plus de 26 millions de ces personnes sont des rĂ©fugiĂ©s, Ă  savoir des gens qui se sont expatriĂ©s pour trouver la sĂ©curitĂ©.

Des millions de vies dĂ©racinĂ©es, des millions de rĂŞves et »ĺ’ambitions rĂ©duits en poussière… Mais tout n’est pas que dĂ©sespoir.

Le 30 mai dernier, est monté sur la scène érigée sur le campus inférieur de McGill pour recevoir son baccalauréat en informatique et en économie lors de la cérémonie de remise des diplômes du printemps, cinq ans à peine après avoir quitté le camp de réfugiés de Kakuma, au Kenya, où il avait passé plus de la moitié de sa vie. Originaire du Soudan du Sud, le finissant a fui son pays ravagé par la guerre à l’âge de neuf ans.

L’obtention de ce diplĂ´me est la dernière rĂ©ussite en date du Programme »ĺ’étudiants rĂ©fugiĂ©s »ĺ’EUMC McGill. Depuis sa crĂ©ation en 1986, EUMC McGill (division »ĺ’) a parrainĂ© la rĂ©installation au Canada ainsi que le parcours mcgillois de plus de 60 Ă©tudiants rĂ©fugiĂ©s. Ă€ l’heure actuelle, l’organisme parraine 15 Ă©tudiants et se prĂ©pare Ă  en accueillir huit autres cet automne. Pour la première fois, deux Ă©tudiants afghans feront partie de la cohorte, la plus importante »ĺ’EUMC McGill Ă  ce jour.

Dirigé et financé par des étudiants

Le Programme »ĺ’étudiants rĂ©fugiĂ©s est très particulier.

Sous l’égide »ĺ’EUMC McGill, club de l’Association Ă©tudiante de l’UniversitĂ© McGill dirigĂ© par des Ă©tudiants, le Programme offre une annĂ©e de parrainage financier complet, de l’aide Ă  l’intĂ©gration et »ĺ’autres formes de soutien Ă  des Ă©tudiants rĂ©fugiĂ©s. Il est financĂ© grâce Ă  une somme de 4 $ perçue chaque session auprès de tous les Ă©tudiants mcgillois, autorisĂ©e par rĂ©fĂ©rendum et administrĂ©e par le Bureau des bourses et de l’aide financière aux Ă©tudiants.

« Notre programme est unique en son genre dans la mesure oĂą la rĂ©installation appuyĂ©e par les pairs n’est pas l’approche habituelle du gouvernement en ce qui a trait aux rĂ©fugiĂ©s, fait remarquer Alice Ishimwe, coordonnatrice du Programme »ĺ’étudiants rĂ©fugiĂ©s »ĺ’EUMC McGill. J’ai Ă©tĂ© invitĂ©e Ă  donner des confĂ©rences Ă  l’étranger, dans des pays qui n’ont pas de programme oĂą les jeunes assument le rĂ´le qui revient normalement aux organisations et aux gouvernements. »

Cinq grandes priorités

Entraide universitaire mondiale du Canada est un organisme Ă  but non lucratif dont la mission est de favoriser l’éducation, l’emploi et l’autonomisation des jeunes en vue de combattre les inĂ©galitĂ©s et l’exclusion dans des pays »ĺ’Asie, »ĺ’Afrique et des AmĂ©riques.

Les comitĂ©s locaux du Programme »ĺ’étudiants rĂ©fugiĂ©s »ĺ’EUMC ciblent cinq grandes prioritĂ©s : l’intĂ©gration universitaire, l’intĂ©gration sociale, la santĂ© et le bien-ĂŞtre, le soutien financier et l’autonomie. EUMC collabore avec plus »ĺ’une centaine »ĺ’universitĂ©s, de collèges et de cĂ©geps afin »ĺ’accueillir des Ă©tudiants au Canada.

Parrainage financier et solidarité sociale

Alice Ishimwe, WUSC McGill’s Student Refugee Program Coordinator, and Alexis Janssen, one of the co-chairs of WUSC McGill

Alice Ishimwe, coordonnatrice du Programme »ĺ’étudiants rĂ©fugiĂ©s »ĺ’EUMC McGill, et Alexis Janssen, un des coprĂ©sidents »ĺ’EUMC McGill

« Les Ă©tudiants »ĺ’EUMC laissent leur famille derrière eux, au pays »ĺ’asile, pour se bâtir une nouvelle vie »ĺ’adultes cĂ©libataires au Canada », indique Alice Ishimwe, qui a rĂ©cemment obtenu son baccalaurĂ©at en travail social de l’UniversitĂ© McGill et entreprendra une maĂ®trise en travail social Ă  l’automne. « Le soutien financier couvre toutes les dĂ©penses, notamment le logement (habituellement en rĂ©sidence), les droits de scolaritĂ©, les livres, l’ordinateur portable, le tĂ©lĂ©phone, les vĂŞtements »ĺ’hiver, et mĂŞme des articles aux couleurs de McGill. »

Cependant, les participants reçoivent bien plus qu’une aide pĂ©cuniaire : EUMC McGill les accompagne dès leur arrivĂ©e Ă  MontrĂ©al. « Nous accueillons chaque nouvel Ă©tudiant Ă  l’aĂ©roport avec nos pancartes lui souhaitant la bienvenue et nos t-shirts bleus »ĺ’EUMC, poursuit-elle. C’est un moment de grande joie pour nous tous. »

« Habituellement, les étudiants ne connaissent pas grand-chose de l’Université McGill ni des membres du comité local qui les accueillent. Dans les jours suivant leur arrivée, nous les conduisons à leur chambre de résidence, et des membres du comité local se chargent de tout leur montrer. Ainsi, ils visiteront le campus et rencontreront les professeurs et les conseillers pédagogiques avant le début de la session. »

Un accueil chaleureux

Lorsque Manyang Lual Jok – le participant qui vient »ĺ’obtenir son diplĂ´me – est arrivĂ© Ă  l’AĂ©roport international MontrĂ©al‑Trudeau en 2017, Ă  l’âge de 22 ans, il ne connaissait absolument personne au Canada. « C’était angoissant », confie-t-il.

Les choses allaient bientĂ´t changer.

Les Ă©tudiants »ĺ’EUMC McGill qui l’ont accueilli Ă  l’aĂ©roport sont « les toutes premières personnes que j’ai rencontrĂ©es au Canada et figurent parmi les gens les plus sympathiques que j’ai connus dans ma vie », affirme-t-il.

Au cours de ses Ă©tudes, le jeune homme a lui-mĂŞme participĂ© aux activitĂ©s du comitĂ© »ĺ’EUMC McGill. Lorsqu’un nouvel Ă©tudiant arrivait Ă  l’aĂ©roport, il Ă©tait de ceux qui se rendaient sur place pour lui offrir un accueil chaleureux.

« C’est très touchant [de rencontrer les nouveaux arrivants à l’aéroport], dit-il. Ça me rappelle ma première journée au Canada et c’est un souvenir que je chérirai toujours. »

Manyang Lual Jok leaves Kakuma Refugee Camp

D’hier Ă  aujour»ĺ’hui : Ă  gauche, Manyang Lual Jok quitte le camp de rĂ©fugiĂ©s de Kakuma en 2017 avec une enveloppe « qui contenait tout ce que je possĂ©dais »; Ă  droite, le diplĂ´mĂ©, en 2022.

Une main tendue

Pour les nouveaux arrivants, seuls dans un nouveau pays et loin de leur famille et de leurs amis, l’intégration est souvent difficile. Pour adoucir la transition, EUMC McGill organise des activités sociales (patinage, quilles, pique-niques) et veille à ce que chaque participant ait un téléphone ou un ordinateur portable pour communiquer avec ses proches.

« Le choc culturel est immense, mĂŞme pour la nourriture, souligne Alice Ishimwe. Lorsque c’est possible, nous faisons prĂ©parer des repas traditionnels de leur pays, que ce soit le Kenya, le Malawi, le Burundi, le Liban, la Syrie, le Soudan du Sud ou encore la Somalie. Tout ça aide au processus »ĺ’adaptation. »

« Selon nous, l’intĂ©gration soutenue par les pairs constitue le meilleur modèle, parce que ce n’est pas une personne assise dans un bureau qui leur dicte quoi faire. C’est le camarade de classe qui les accompagne aux cours, qui mange avec eux Ă  la cafĂ©tĂ©ria, qui les aide Ă  trouver un manteau »ĺ’hiver. Il n’y a pas de dĂ©sĂ©quilibre marquĂ© des pouvoirs. »

Des progrès fulgurants

Alice Ishimwe ne manque pas de prĂ©ciser que malgrĂ© leurs difficultĂ©s initiales dans l’exĂ©cution de tâches simples, comme payer une facture de tĂ©lĂ©phone, les Ă©tudiants »ĺ’EUMC McGill prennent rapidement leur envol.

« Il ne faut pas oublier qu’ils ont Ă©tĂ© soumis Ă  un processus de sĂ©lection très concurrentiel avant »ĺ’accĂ©der au programme »ĺ’EUMC. Ce sont des Ă©tudiants très douĂ©s sĂ©lectionnĂ©s dans les meilleures Ă©coles de leur camp, rappelle-t-elle. Après quelques mois Ă  peine, McGill et MontrĂ©al n’ont plus de secret pour eux. »

« Il arrive souvent que »ĺ’anciens participants au programme, forts de leur propre expĂ©rience, choisissent de jouer un rĂ´le prĂ©pondĂ©rant au sein du comitĂ© local afin »ĺ’épauler les nouvelles cohortes. »

Une nouvelle image des réfugiés

EUMC offre un vrai changement de vie, certes, mais il ne faut pas perdre de vue la réciprocité de la relation avec le réfugié, fait remarquer Alice Ishimwe. Elle souligne que les anciens participants au programme sont présents partout dans le monde : ils travaillent pour des entreprises technologiques aux États-Unis, occupent des postes prestigieux au sein du gouvernement canadien et travaillent pour des organisations internationales en Europe.

« Il faut concevoir EUMC comme un moyen »ĺ’amener ici des personnes de grand talent. Ce sont des Ă©tudiants brillants qui enrichissent la communautĂ© mcgilloise et la sociĂ©tĂ© canadienne par leur apport intellectuel et leur bagage culturel. C’est Ă  l’avantage de tous. »

¶ŮĂ©ł¦´ÇłÜ±ą°ů±đłú EUMC McGill et voyez comment vous pouvez participer.

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