Les noms sont pour le moins évocateurs : MonVent, Lung Carburetor et FlowO2 et le concours a connu un succès bœuf, plus de 1 000 équipes en provenance de 94 pays s’étant disputé le premier prix. Le défi : concevoir en deux semaines un respirateur à faible coût, facile à fabriquer et à utiliser, pour la prise en charge des patients atteints de la COVID-19.
Au terme d’un examen et de tests rigoureux, le jury a porté son choix sur trois équipes.
Le respirateur code vie – c’est le nom du concours – a été lancé en mars dernier par la Fondation de l’Hôpital général de Montréal et l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR‑CUSM). Le nom des finalistes a été dévoilé le 6 mai par visioconférence. Les équipes qui ont raflé les honneurs sont : Haply, de Montréal; IFPR Brazil, de Paraná, au Brésil, et Lung Carburetor, de Montréal et de Havre-Saint-Pierre, au Québec.
Mobilisation internationale
« Jamais auparavant avons-nous dû innover à si grande échelle et en si peu de temps », souligne l’instigateur du projet, Reza Farivar (M. Sc. 2002, Ph. D. 2008), titulaire de la Chaire de recherche du Canada en neurosciences intégratives et scientifique à l’IR-CUSM. « Je remercie tous les participants d’avoir relevé le défi et de nous avoir insufflé leur énergie. »
En visioconférence, le Pr Farivar a remercié les donateurs (Gestion financière MD, l’Association médicale canadienne, la Banque Scotia, la Faculté de génie de l’Université McGill et Agorize), les mentors, les professionnels de la santé et tous ceux qui ont répondu à cet appel international.
Les trois finalistes ont intégré à leur proposition des éléments de design qui ont retenu l’attention des juges : convivialité de l’interface utilisateur, classicisme et simplicité de la conception, fiabilité et faible coût ainsi que facilité de transport et d’emploi.
« Nous sommes tellement contents d’avoir été retenus », se réjouit Colin Gallacher (B. Ing. 2013, M. Ing. 2016), cofondateur et membre de l’équipe de Haply. « Toutes les heures et tout le travail investis dans ce projet ont été récompensés. Merci à tous! »
Les favoris des McGillois
Les grands favoris du campus, – équipe formée de 11 étudiants au premier cycle de l’Université McGill – se sont rendus en demi-finale, mais ne figurent pas parmi les trois finalistes.
« Nous avons fabriqué le respirateur dans notre sous-sol, explique un des membres de l’équipe, Simon Tartakovsky, étudiant de deuxième année en mathématiques et en physique. « Nous nous sommes débrouillés avec les outils que nous avions à la maison, et le Département de physique de l’Université a mis ses imprimantes 3D à notre disposition. »
« Ce projet s’est déroulé pendant l’année universitaire et les examens finaux », précise une coéquipière, Madison Odabassian, étudiante de deuxième année en anatomie et biologie cellulaire. Nous avons consacré des centaines d’heures au respirateur tout en finissant notre année. Des nuits blanches, il y en a eu beaucoup. »
« Nous sommes déçus de ne pas nous être rendus en finale, c’est sûr, mais l’expérience a été formatrice et les critiques du jury nous permettront d’améliorer notre produit », concède Simon, qui invite les experts et les commanditaires à continuer d’épauler son équipe.
Pour les trois finalistes, l’aventure se poursuit. Ils doivent maintenant peaufiner leurs plans et les offrir en téléchargement au monde entier.
L’équipe qui, selon le jury, aura proposé le respirateur le plus utile et qui aura été fabriqué le plus souvent recevra le premier prix, de 200 000 $. Les équipes qui arriveront en deuxième et troisième places toucheront respectivement 100 000 $ et 50 000 $.
Un défi n’attend pas l’autre
Dans la foulée de ce concours, Reza Farivar lance maintenant un appel aux spécialistes en fabrication et en conformité dans le cadre du défi Sub K. Ces derniers devront « faire franchir la ligne d’arrivée » aux propositions des trois finalistes en parfaite conformité avec les exigences réglementaires, le tout moyennant un coût de fabrication inférieur à 1 000 $. Le défi est de taille, un respirateur coûtant normalement entre 5 000 $ et 50 000 $, voire davantage.
Le respirateur doit être très abordable, explique le professeur, pour être accessible au plus grand nombre de pays possible, surtout les pays en développement.
Ce second défi sera commandité par le Centre McGill Engine, pôle d’innovation et d’entrepreneuriat de la Faculté de génie, qui ralliera l’appui du secteur privé, de nos diplômés, de mentors, de conseillers et de donateurs.