Charles Taylor (B.A. 1952), l’un des plus importants penseurs canadiens, est un philosophe qui présente une feuille de route unique et qui s’emploie à mettre ses idées en pratique. Ses écrits, traduits en 20 langues, portent sur un éventail de sujets dont l’intelligence artificielle, le langage, le comportement social, la moralité et le multiculturalisme. Étudiant d’Isaiah Berlin à Oxford, Charles Taylor a enseigné à McGill de 1961 à 1997, où il est aujourd’hui professeur émérite. Intellectuel public, Taylor n’a jamais hésité à faire connaître ses idées. Il a brigué les suffrages de ses concitoyens lors de trois scrutins fédéraux et a même eu Pierre Trudeau pour adversaire en 1965.
Son livre Les sources du moi, publié en 1989, a suscité l’intérêt de nombreux lecteurs. Le mentor de Charles Taylor, Isaiah Berlin, a dit de son étudiant : « Quoi que l’on puisse penser de ses convictions fondamentales, [elles] élargissent inévitablement les vues de quiconque lit ses œuvres, entend ses conférences ou s’entretient avec lui ».
Son œuvre a été couronnée en 2003 par l’obtention de la première médaille d’or du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. En 2007, le professeur a été lauréat de trois prix. Il s’est d’abord vu accorder le prestigieux Prix Templeton pour sa contribution au progrès et à la découverte en recherche sur les réalités spirituelles, le prix individuel le plus richement doté au monde. Le philosophe a ensuite été invité à coprésider, avec le sociologue Gérard Bouchard, la très médiatisée Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles. Cette commission a été créée par le gouvernement du Québec, en réponse aux expressions de mécontentement qui se sont élevées dans la population sur les « accommodements raisonnables » conclus avec les groupes religieux. Le philosophe a également publié A Secular Age, une étude sur l’évolution de la place de la religion au sein de la société, et qui a été acclamé par le New York Times comme une « œuvre d’une ampleur et d’une érudition stupéfiantes ». En novembre 2008, Charles Taylor est devenu le premier Canadien à remporter le Prix Kyoto dans la catégorie arts et philosophie, une récompense couronnée par une série de conférences échelonnées sur dix jours au Japon. Membre de l’Ordre du Canada, Charles Taylor continue d’écrire et de donner des conférences dans lesquelles il traite particulièrement de multiculturalisme et de la société laïque.
« En Occident, nous ne comprenons pas assez bien notre propre développement dans ce que nous appelons la modernité et nous ne voyons pas que ce développement ne se produit pas dans le reste du monde. Nous ne saisirons bien cette différence que lorsque nous comprendrons mieux ce qui s’est passé dans notre civilisation. »